Dossier : Musique et révolution numérique
Bienvenue dans l’ère binaire. Une planète de bits et de beats. Codée en 1 et en 0. Un monde numérique, qu’inaugurait dès les années 80 l’invention du cd. Depuis la photo, le cinéma, la télévision, le livre et bientôt la radio s’y sont convertis.
Alors qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale les sociétés occidentales s’électrifiaient, la musique prenait un « virage électrique », qui bouleversait fondamentalement ses modes de production et d’écoute. Aujourd’hui, c’est peut-être la musique qui, à nouveau, est la plus « impactée » par le tournant numérique. Cette (r)évolution, amorcée depuis près de 20 ans, s’accélère ces dernières années : de 2003 à 2008, les ventes de disques en France ont diminué de moitié, fragilisant en profondeur l’industrie musicale. Par ailleurs, la démocratisation des outils de création et d’enregistrement numériques, conjuguée au développement d’internet, a changé radicalement les conditions de pratique des musiciens. Il est désormais possible d’autoproduire sa musique et, d’un clic, de la rendre accessible aux deux milliards d’internautes connectés sur la planète. « L’ancien système, c’est fini. Et nous mettrons peut-être un siècle à nous installer dans le nouveau », déclarait, il y a quelques mois, l’écrivain américain Bret Easton Ellis. Dans ce monde qui s’invente, des innovations émergent tous les jours. Difficile dans ces conditions d’y voir clair et de prédire l’avenir.
Alors que nous avions consacré en 2004 et 2006 deux dossiers à internet et à l’informatique musicale, il nous semblait opportun d’y revenir et d’interroger les musiciens : comment perçoivent-ils ces mutations ? En quoi cette « révolution » a-t-elle changé leurs pratiques ? Comment se repèrent-ils dans cet univers aux possibilités infinies qu’offre le numérique ? Avec, en filigrane, cette question passionnante : à quoi ressemblera le monde (musical) de demain ? So let the bit goes on !

Interview : Cabadzi, Amaury Sauvé

Chroniques : Birds In Row, As We Draw, V.

Illustré par : Guillaume Denaud