Après Bérémian en 2013, Mad Lenoir, le plus Mayennais des Burkinabés, signe avec cet album chaleureux son deuxième disque, enregistré au studio Adjololo (49). L’afro-fusion qu’il défend ardemment depuis des années trouve avec les douze titres de Mama Afrika un accomplissement réjouissant.
Mad Lenoir est un poly-instrumentiste doué, qui passe avec la même aisance de la guitare à la kora, ou à la percussion (tama). Pour accompagner son chant en dioula, il s’est entouré d’une talentueuse escouade de musiciens. Ensemble, ils vous embarquent pour un voyage musical rythmé. Si la culture mandingue reste le socle des compositions, n’imaginez pas un simple aller-retour Paris-Ouaga. Non, vous partez pour de nombreuses escales. Prévoyez un arrêt à New-York pour une pointe de jazz, à La Nouvelle-Orléans pour un shot de wah-wah funky, à La Havane pour quelques pas de salsa. L’artiste invite Moussa Diarra (Wamian Kaid) sur un rap enlevé (« Mogo magni »).
Mama Afrika se distingue par la richesse des arrangements, pour les harmonies des choeurs mais surtout celles des trois cuivres (trompette, saxophone, trombone). Ces derniers trouvent un savant équilibre : présents mais subtils dans l’accompagnement, brillants dans les solos.
S’appuyant sur une section rythmique (basse, batterie, percussions) implacable, l’album compte plusieurs titres plus binaires, flirtant avec la pop internationale. Ajoutez-y certains solos de guitare électrique qui évoquent Santana. Et se dessine la couleur générale de cet album métissé qu’on pourrait qualifier de « world music », de l’époque où le terme était encore noble.