Le tournant du millénaire a vu le retour en force du jazz manouche. Je dois avouer personnellement qu’après y avoir (trop ?) largement goûté, j’en ai fait une indigestion. Et bien pour celles et ceux qui, comme moi, en ont ras-le-bol du Django à tout va, le dernier Chorda, enregistré en public aux Ondines, est une bonne galette que vous dégusterez sans modération aucune, et ce pour les trois raisons suivantes :
a. Chorda ne se cantonne pas au jazz manouche. Les quatre gaillards auraient pu car ils maîtrisent parfaitement ce style. Certains morceaux comme l’excellente reprise de « À Bicyclette » ou le léger (et chanté) « Miss Guinguette » vous projettent dans l’univers des Valseuses de Blier (B.O. signée Grappelli)! Tout y est : guitare et contrebasse qui « pompent » la rythmique, violon dingue étourdissant et guitare solo papillonnante. Là où le quatuor se différencie, c’est lorsqu’il s’aventure dans les Balkans, comme dans l’oriental « Souk-Ahrras ». Ça groove, ça funke, ça envoie du klezmer au taquet !
b. Chorda n’est pas là pour en mettre plein la vue. Certes, ils ouvrent ce live avec un violon exubérant ! Mais Chorda, c’est aussi une douceur dont on ne se lasse pas, même lorsqu’on fait tourner le disque en boucle. Il y a un « petit je-ne-sais-quoi » de léger et de frais qui ne se périme pas. Et lorsqu’arrive la ballade « Mélancolia », on touche au grandiose. Bien sûr, c’est triste mais d’une sensibilité et d’une finesse épatantes.
c. Chorda en live, c’est du bon ! Sur scène ils se font plaisir et ça se voit, ça rigole entre copains. Une fraîcheur et une vie que ce disque retranscrit très bien.
Si vous accrochez : allez les voir jouer en concert ! Le violoniste vous gratifiera peut-être de quelques explications sur les origines de leur musique, avec un humour mayenno-belge… forcément décalé.