Du conservatoire de Laval agglo à la Philharmonie de Paris, de l’ensemble In Paradisum aux chorales amateures, la cheffe de chœur Désirée Pannetier carbure à 100 à l’heure, guidée par son sens du partage et de la confiance mutuelle.

Toujours entre deux répétitions, Désirée Pannetier partage sa vie bien remplie entre Laval et Paris. Responsable du département voix du conservatoire de Laval agglo depuis 2017, l’enseignante est aussi cheffe de chœur assistante du prestigieux Jeune chœur de Paris et, depuis 2021, cheffe associée du chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris à la Philharmonie. Le top niveau en matière de musique vocale hexagonale ! Hyperactive revendiquée, la jeune trentenaire collabore aussi avec l’Opéra de Rennes, monte des opéras à la campagne, travaille avec de nombreuses chorales amateures, et surtout dirige le chœur professionnel In Paradisum, qu’elle a fondé il y a 7 ans.

« J’ai toujours eu un côté boulimique », assume-t-elle. À 5 ans, la petite Désirée, dont les parents habitent Loiron, cumule déjà plusieurs activités sportives et artistiques, dont l’éveil musical. Selon la légende familiale, se souvient-elle : « c’est moi qui aie demandé à mes parents de m’inscrire à l’école de musique ». Elle démarre par l’apprentissage de la flûte traversière. Mais rapidement lelle se sent attirée par la direction d’orchestre. Ce qui motive cet attrait ? Non pas l’envie d’être au premier plan ou de mener les autres à la baguette : la jeune musicienne, qui alors maîtrise mal son trac sur scène, y voit au contraire une position moins exposée : « on tourne le dos au public » et ce sont les musiciens qui risquent la fausse note, pas le chef. Surtout, elle aime cette relation de confiance et ce sens du collectif qui se construisent avec un ensemble au fil des répétitions et des concerts. « Le travail du chef se passe pour l’essentiel en amont, lors des répétitions ». Le concert n’est que la partie visible de l’iceberg.

Bien qu’elle évoque, en souriant, « le côté dictatorial » de sa fonction, son « exigence » se nourrit plutôt de bienveillance et de confiance partagée. Il s’agit de donner confiance et de faire confiance aux musiciens mais aussi de gagner leur confiance afin qu’ils acceptent de se laisser guider, et de sortir parfois de leur zone de confort. « J’aime expérimenter, mixer les voix et tessitures, jouer sur les déplacements, ce que les chanteurs ont souvent peu l’habitude de pratiquer ».

Trouver sa voix

D’abord tentée par la direction d’orchestre, à laquelle elle se frottera notamment au sein du steel band Les Allumés du Bidon dont elle fera partie 15 ans, Désirée optera un peu par défaut pour la direction de chœur, en entrant en 2014 au Pont supérieur, établissement d’enseignement artistique à Rennes. Elle y trouve sa voie(x). Et enchaîne alors les projets et collaborations, avant d’en sortir diplômée en 2017. Compétente donc très occupée, elle fait pourtant fi de tout ego, œuvrant toujours avec une justesse tant humaine qu’artistique. Diriger, pour elle, met en jeu l’artistique tout autant que la pédagogie. Il faut savoir accompagner, corriger, conseiller et aider chacun à s’affirmer. Chanter en chœur demande bien sûr de savoir s’intégrer dans un ensemble, mais « sans se brider, s’effacer. C’est en assumant sa vraie voix, pleine et entière, en disant quelque chose qui n’appartient qu’à soi qu’on apporte au collectif et qu’on construit quelque chose avec les autres ».

Ce rôle d’accompagnement, Désirée le joue avec les choristes amateurs comme avec les chanteurs professionnels, qui ont aussi besoin d’une oreille extérieure. Depuis 2015, la cheffe dirige le chœur professionnel In Paradisum. Aventure éphémère initiée à l’occasion de la création d’une pièce du jeune compositeur Ismaïl el Mechrafi, l’expérience se pérennisera. Opéra, répertoire baroque, classique ou contemporain… In Paradisum ne se refuse rien, carburant d’abord au plaisir. Mais le chœur cultive, depuis sa genèse, son inclinaison pour le riche et créatif répertoire vocal contemporain. À l’image de la tracklist 100% contemporaine de son deuxième enregistrement, Échos d’aujourd’hui, paru fin 2021.

Avec cet album capté sur la scène du Théâtre des Ursulines à Château-Gontier, l’ensemble cherche à récréer le plus fidèlement possible ce qui vibre lors de ses concerts. « Au-delà de la perfection individuelle de chacun, ce qui compte c’est l’émotion qui naît de ces moments collectifs. Cette claque d’émotion que seul le live peut nous offrir ».

Playliste
1- Antonin Dvořák – Stabat mater (Eja Mater, fons amoris)
2- Pantasy feat. Mavis John – The Carnival is over
3- Jan Sandström – Biegga luothe
4- Jake Runestad – Nyon Nyon, interprété par In Paradisum
 

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