Il y avait bien eu un premier album sorti en 2009, à l’esthétique rêveuse, qui surprenait déjà par la richesse et l’originalité de ses arrangements. Entre Les Héroïnes et ce premier essai, livrant une pop-folk suave à l’écriture fine, imagée et délibérément cinématographique, le contraste est saisissant.
(Toujours) réalisé par Romuald Gablin et mixé par Dominique Brusson (Dominique A, Miossec…), ce second disque prend un surprenant virage musical vers une pop plus noisy et abrupte. Si le chant en français et la guitare folk restent de mise, les synthés Juno, Korg MS-20 et autre Moog sont de sortie. Augmentés de beats lo-fi, les morceaux sont plus bruts, les guitares plus tranchées, les rythmiques plus violentes. Clairement estampillé outre-manche, le son se fait très eighties, volontairement « dirty ». Sous de puissantes influences electro (SébastiAn, Kavinsky, Brodinsky…), Florian Mona nous emmène dans des lieux improbables, à la rencontre d’héroïnes féminines, élégantes et désinvoltes, comme sorties des romans de Bukowski ou Nuala O’Faolain. L’ambiance est divine, sensuelle et onctueuse, rappelant parfois Gainsbourg, classe de dandy et gueule de James Dean en prime.
Finement ciselé, émouvant et captivant d’un bout à l’autre, cet album très cohérent possède tous les arguments (et quelques tubes imparables comme « Le large » ou « Beauté sixties ») pour rester longtemps sur votre platine. Attention, ces héroïnes rendent accro.