Dès la première écoute, on retient son souffle et l’on s’immerge dans les abysses du premier disque du duo hip hop lavallois. Teintées de blues, de soul et de pianos mélancoliques à souhait, les instrumentaux soutiennent une réflexion consciente et révoltée. De ce paysage sonore très personnel, bande-son idéale de ces nuits d’insomnies où l’on cherche l’inspiration, émergent des influences bien senties rappelant La Rumeur et Psykick Lyrikah – dont l’un des membres, Arm, a d’ailleurs participé à ce disque.
Avec Souledad, on plonge en apnée dans le noir des angoisses existentielles, dans un monde où tout tient à bout de bras et où la vérité est une quête de chaque instant. De piste en piste, on se prend une véritable claque, remué par cette atmosphère tendue et sombre finalement pas si éloignée du rock, voire du hardcore tant la pression est pesante.
Mais putain que c’est bon et que les textes de JP et Almereyda sont fouillés, pesés au milligramme, découpés au bistouri. Leurs lyrics coupants comme des surins expriment leur écoeurement face aux dérives et à l’irresponsabilité d’une connerie gouvernementale si profonde qu’on pourrait s’y noyer. Toutefois, certains morceaux (« La trêve ») plus légers permettent de lâcher prise et de remonter (un peu) à la surface pour reprendre son souffle. S’amorce alors, avec ces notes d’espoirs, la trêve d’un combat long et douloureux.
Ce premier album mérite une attention toute particulière et fera indubitablement partie de ces disques gravés à jamais dans votre tête.