Pendant que la France se dore la pilule, Steven Jourdan est sur le grill. « De mai à fin août, je ne vois pas trop le jour », admet le co-fondateur du festival Terra Incognita, organisé fin août à Carelles. Aussi salarié de l’association Tribu Familia, le jeune trentenaire assure la coordination et la programmation d’Un singe en été à Mayenne. Depuis cinq ans, au-delà de nombreuses actions culturelles à l’année (en milieu scolaire, centre social…), cette « saison estivale » mixant musiques actuelles et arts de la rue s’articule autour de trois temps forts : les siestes musicales mi-juin, quatre soirées entre juillet et août, et, du 28 au 30 juin, « le festival » qui, nouvelle formule oblige, devient payant cette année (7 euros par soir). Une petite révolution – la gratuité est inscrite dans l’ADN du projet – qui permet à l’association de gonfler son budget et d’étoffer la programmation du festival, rassemblant une grosse douzaine d’artistes. « Une fois qu’on a calé deux ou trois artistes un peu connus – Yuksek et Voyou cette année –, on fait ce qu’on veut, sans contrainte de remplissage », savoure Steven. Volontiers intergénérationnelle et familiale, variant les genres, de la soul-funk de Michelle ­David à l’electro-pop de Flèche Love cette année, la prog’ s’accorde parfaitement au décor verdoyant et hospitalier du parc du Château de Mayenne.
Une carte – convivialité, évènement à taille humaine, site singulier – qui séduit le public d’Un singe en été (13 000 entrées en 2018) comme celui de Terra Incognita. Après huit éditions organisées dans la ferme exploitée par les parents de Steven, le festival déménage cette année. Une petite révolution là aussi, mais pas d’inquiétude : « on ne quitte pas Carelles, rassure Steven. Et il est hors de question de s’agrandir, la jauge reste bloquée à 1 200 festivaliers par soirée. » Quant à la programmation, l’équipe bénévole continue de fonctionner aux coups de cœur et de privilégier l’émergence : « la quasi-totalité des groupes accueillis a juste sorti un EP ou un album ». Parfois catalogué rock indé – Lysistrata, Last Train ou Rendez-Vous sont passés par là avant d’exploser sur la scène indie rock –, Terra tape fort aussi rayon techno. Zéro limite esthétique et zéro nom connu donc, mais de quoi satisfaire l’appétit des esprits curieux, qui devraient aussi apprécier la cantine 100 % bio et locale du festival. Confirmation les 23 et 24 août. Après quoi Steven pourra goûter des vacances bien méritées.