À chaque disque de jazz manouche, ses reprises de Django Reinhardt. Un adage qui se confirme avec cet EP autoproduit de Los Manchos de la Mancha. Un premier disque qui arrive (enfin !) après une petite dizaine d’années passées à fouler les scènes d’ici ou d’ailleurs, à changer de line-up et de nom. Anciennement baptisé La Mancha, ce quartet de potes lavallois donne dans le swing manouche/musette, avec en bandoulière les réglementaires guitares « Selmer », contrebasse et accordéon.
Au menu donc de Va t’en la pie !, trois standards (dont les éternels « Minor swing » et « La montagne Sainte Geneviève » de maître Django), certes de belle facture mais qui n’apportent rien de neuf sous le soleil gitan (il faut dire qu’il en a vu passer…). On saluera tout de même la sobriété et la justesse des solos, et le mérite qu’ont Los Manchos de ne pas tomber dans le piège d’une virtuosité sans âme, pourtant récurrente dans ce genre. Car d’âme et d’humanité, leur musique conviviale en déborde. À l’image des trois compositions du groupe, qui osent une voix parlée, des illustrations sonores (extraits de film, bruitages), tout en conservant une belle énergie et un swing épidémique. On goûte avec plaisir à cette « Intro Rabouin », ses voix d’enfants et sa contrebasse au son chaleureux et dansant, à « Déjà vu » et son thème efficace où accordéon et guitare se partagent brillamment le rôle de soliste, ou au très cinématographique « Dusho ».
Un regret ? Peut-être que ce disque soit aussi court (19 minutes), car ces Manchos-là sont loin de jouer comme des manches.