Malgré leurs parcours et leurs univers musicaux très éloignés, un fil rouge reliait les trois invités de cette émission (enregistrée dans le cadre cosy du Rex à Château-Gontier), la langue ! Les mots, le verbe avec lesquels jouent joyeusement les 3 MC de LV Crew. « Faut qu’on se casse d’ici avant la calvitie ». Big Mac, Sicario et Sadik Wadja, accompagnés de LEN aux platines, se la jouent « technique », jonglent avec les rimes, enchaînent les phases, à la recherche du bon mot, de la punchline qui tue. Originaires d’Ambrières-les-Vallées (auquel renvoie le nom du groupe : LV pour Les Vallées), ils prouvent qu’on peut faire du rap partout, en ville comme dans les campagnes du bocage mayennais. Âgés de 14 à 26 ans, les quatre b.boys écoutent Nekfeu, Lomepal ou Orelsan, mais se foutent complètement du rap game et de ses guéguerres bling bling. Sur scène, les mecs sont à l’aise. Malgré leur peu d’expérience du live, ils sont posés, précis, efficaces. Ils ont bossés et ça s’entend. À suivre !

Changement de braquet avec Jef Ouest, qui roule sa bosse depuis près de 20 ans dans les travées des salles de concert et autres festivals. Échappé de La Casa depuis 2015, il poursuit désormais sa route en solo, seul en studio comme sur scène. Ce qui ne l’empêche pas d’envoyer du petit bois en live : interprétation ultra-maîtrisée, sincérité directe, savoir-faire mélodique évident, mix parfaitement équilibré entre sons live (guitares, claviers…) et vibrations électroniques (ça envoie de l’infrabasse !)… On sent le métier !

À des années lumières de l’univers trap et boom-bap de LV Crew, Iciniens partage avec les rappeurs d’Ambrières city le goût des mots et des milles double sens qu’offre la langue de Gainsbarre. Mais ici les punchlines se font poétiques, voir politiques. Raillant les « cons qui s’l’adorent », le trio fustige avec une ironie détachée les travers d’une société gouvernée par le fric et les apparences, se gaussent des hérauts de la finance et du commerce mondialisé… Réunis en 2015 suite à un « coup de foudre », ces trois-là se sont bien trouvés, même s’ils viennent de mondes très différents : jazz et world music pour Yohann (aux percussions et autres ustensiles), trad et bal folk pour Mavel (à la clarinette basse et à la flûte) et slam pour Romain qui tient le micro. N’empêche, « ça matche à fond » entre eux, et avec le public, qui au Rex, s’est laissé emporter par le flot/w de cette musique hors format, inattendue, transfrontalière, naviguant sans entrave entre poésie, conte et incantations slam, mélopées d’ici et rythmes d’ailleurs.

Une émission organisée par Le Carré, Le 6par4, Mayenne Culture, et en partenariat avec L’autre radio et L’œil mécanique.

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