« C’est juste de la pluie, qui emporte tout, un nuage gris, qui assombrit tout, juste quelques larmes, qui tombent au compte-gouttes. » Ainsi s’ouvre le premier EP de Mazarin aka Pierre Le Feuvre, échappé de La Casa pour une aventure en solo démarrée il y a près d’un an. Dans « Ce n’est rien du tout », première chanson du disque, pleuvent marimbas et mélo-beats. L’ambiance est aux lendemains de java à la maison. Mais de ceux inspirants, qui foisonnent d’idées, contemplatifs. On est happé par la présence insistante de ces rythmes électro qui se superposent puis s’épaississent, colorant ces histoires modestes d’une tournure épiquo-lyrique, et rappelant que poésie et beauté sont avant tout affaire de simplicité. « L’été est mort » est un joyau rare au texte puissant. Un « coup de revolver en plein coeur » entamé guitare-percus-voix, bientôt étayé par ce ciment mélo-xylo-electro qui charpente les six titres du disque. Mazarin vise juste, recrée les aléas, l’espoir et les possibles d’un quotidien jamais banal. À observer cette façon qu’il a de poser les fondations, superposer les couches, créer le vent et tracer les ornements, on se plaît à imaginer en live le moment où tout se fait et se défait, à la manière d’un Chapelier Fou (le musicien, pas « le toqué »).
Pour notre bonheur, Mazarin continue de faire ce qu’il aime, avec l’enthousiasme et la fraîcheur d’un jeune musicien, aux prémices d’une aventure pleine de promesses, une nouvelle fois.