Poésie rock : si l’on devait définir en deux mots le nouvel album de Morro, on utiliserait ceux-là… Troisième opus de l’exilé mayennais, La Danse qui pense confirme la direction annoncée par son précédent ep, Shake, en s’éloignant des rives de l’acoustique pour des rythmiques et des couleurs plus électroniques, associant boucles de guitares, nappes de synthés et autres trouvailles sonores. Les lignes de basses et les arrangements au minimalisme incisif de Jean-Marc Pelatan (ancien Batlik) apportent une fraîcheur qui souligne la force des mots de Morro. Résultat : un disque de chanson groovy qui donne autant à penser qu’à danser. Au fil des onze titres de l’album, le chant, fragile et vibrant, porte des textes passant de l’intime à des thématiques plus générales, évoquant tour à tour le couple en crise, les relations homme-femme, les médias, la pauvreté intellectuelle… Sans jamais tomber dans les généralités, les lieux communs. À la fois précise et flottante, au plus près des émotions, l’écriture de Morro joue sa petite musique bien à elle. Très personnelle.
En cinq ans, quatre disques et des centaines de concerts, l’homme affirme peu à peu son univers et sa place atypique dans le paysage de la chanson, quelque part entre Noir Désir (pour la colère rock) et R-Wan (pour le flow). Simple, efficace et différent.