La Mayenne, petit coin rural, parvient toujours à faire émerger des pépites d’un autre monde. Assez peu médiatisé, Papan’i Miaja sort pourtant un album composé et enregistré avec quelques-uns des meilleurs musiciens de Madagascar, à Madagascar. Rien que ça ! Certains d’entre eux accompagnent des pointures sur les scènes internationales (Dadi avec Rajery, Rain’s avec
Rossy). Ce second album, illustré d’un joli coup de crayon par l’auteur lui-même, respire l’aventure humaine dont il est le fruit. Le Lavallois, tombé amoureux de la culture malgache, lui rend hommage, et de belle manière. Pourtant, l’intéressé se méfie des étiquettes et préfère parler de « musique du monde ». C’est vrai, ce ne sont pas des chants de puriste. Les paroles en français se mêlent au malagasy. Musicalement, même si une bossa se cache dans un coin, la vibration malgache domine tout de même. Chaleureuse et rythmée, techniquement calée, elle porte l’ensemble au son de guitares, de la traditionnelle harpe (vahila), d’un harmonica et de percussions. Sur ce fond qui tourne, Papan’i Miaja pose un chant sérieux, assez aérien avec
des notes tenues, et des deuxièmes voix soignées. Sérieux parce que les sujets sont graves (l’exil économique) ou parce qu’une déclaration d’amour (même pour une île) ne se fait pas à la légère. Cela produit un certain contraste, comme un symbole de la rencontre de l’Occident et de l’Afrique. Une rencontre qu’incarnent davantage encore les voix des invités (Shamara, Laza,
etc.), aux personnalités bien trempées. L’album commence avec quelques ballades,
faussement calmes, et puis peu à peu, l’intensité s’élève, enjouée, et l’on finit en danse. Tout là-bas.