Nous n’avions pas reçu de missives discographiques de ce bon vieux radouL branK depuis bientôt cinq ans : autant dire que nos oreilles s’en languissaient déraisonnablement. Dès les premières notes de Satiété des masses et autres récits postmodernes, ce retour aux affaires d’un activiste historique de la scène électronique lavalloise réveille notre appétit pour ces pièces montées instrumentales, truffées de claviers rondelets et de mélodies radouliennes en diable, à l’indice glycémique élevé mais excessivement suaves en bouche.
Persévérant à piétiner, avec un savoir-faire d’artisan goguenard, les lignes de démarcation musicale entre kitsch avéré et bon goût officiel, entre ambiances résolument vintage et sonorités plus contemporaines, l’ami radouL compose en quelque sorte les musiques d’attente téléphonique qu’on eût aimé entendre dans un monde parfait. Elles seraient dès lors facétieuses et inventives, harmonieuses et intuitives, jouant de subtiles variations et décrochages mélodiques sur des thèmes identifiés au bout de quelques écoutes par les réseaux « Nostalgie » de nos connexions neuronales – on entend çà et là des bribes grimées avec superbe de Françoise Hardy, des B-52’s ou de l’oublié Nicolas Peyrac. Dans cette dimension parallèle, puisse notre interlocuteur nous faire patienter longtemps au bout du téléphone.