Les 3 Éléphants ont la pêche. Ou plutôt la pomme? Blague à part, retour à chaud sur quelques morceaux choisis de cette première soirée du millésime 2014 du festival lavallois. Une soirée débutée de forte et tendre manière par un concert fou, comme seuls les 3LF peuvent en proposer…

Les dix-huit heures ont sonné depuis quelques minutes. Où sommes-nous ? Dans les sixties ? S’il n’y avait pas ces lumières néon pour nous rappeler que nous sommes au 21e siècle, au Jaja Divin, on pourrait se croire en période pré-dylanienne. Dans tous les cas, la folk brumeuse de Josephine Foster est folle. Enivrante, c’est le mot. « Euh, excusez-moi. Possible un autre verre ? ». Voilà la presque seule phrase que l’on comprendra du duo qui est devant nous, glissée par le grand musicien (et sa magique guitare portugaise) qui accompagne l’Étasunienne. Ici, on ne sait pas quand commence la musique, ni quand elle finit. Il y a une sorte d’intemporalité chez Josephine Foster. Jusqu’à sa voix de cantatrice à crinière. « I’m a dreamer », chante-t-elle. Oh oui. Et nous aussi, on devient rêveurs. Hypnotisés.

 

Allez, il est 20h, et les instants intra-muros de débuter. Cette édition 2014 fait la part belle à une tout aussi jolie découverte, quoique déjà croisée dans nos contrées : François & the Atlas mountains. Il pleut à l’extérieur du Patio, mais on s’en fout. Nous, on est tout avec eux. Emportés par le set généreux et intense des Bordelais, on part loin. On est surpris sans cesse, tant par l’inventivité que l’énergie dégagée sur scène. Entre ballades pop électro et rythmiques afro-beat, ces cinq mountains ont peu à peu étiré leurs morceaux, vers un final massif, tribal et progressif. Impressionnant de puissance et de maîtrise. On est parti en trip, et ça tombe bien : arrive Dakhabrakha.

 

On était prévenus, on en est convaincus : Dakhabrakha invite bel et bien à la transe, « tendue et dansante ». Sur la scène de l’Arène, cet homme et ces trois femmes coiffées nous invitent au voyage, à travers des contrées arabes, africaines et d’Europe de l’est. Or, Dakhabrakha vient de Kiev. C’est donc une musique plurielle que nous propose le quatuor ukrainien, mariant habilement (très beaux) chants ancestraux et rythmes actuels (ragga, hip hop). Et c’est pas mal du tout, même si certains morceaux n’évitent pas quelques facilités et clichés folkloriques.

 

Son Lux, très attendu, nous aura moins convaincu dans sa formule proposée au patio. Car en début d’après-midi, un concert sauvage et plus intimiste, à la Crypte du Théâtre, aura permis de savourer davantage cette pop lunaire, électro aérienne. Avec très peu : piano décérébré, percus ultra-minimalistes mais toujours inventives, riffs de guitares malins. Et cette voix, sombre, d’une sincérité fascinante. On est resté muets, scotchés.

 

Jamais dans nos souvenirs l’Arène n’avait été tant remplie. Il fait une chaleur, ici ! 22h30 pétantes, et l’affiche de la soirée entre sur scène, accompagné de Pascal Humbert et de trois musiciens des plus crédibles. Cette affiche, ce n’est pas tant Détroit que Bertrand Cantat. Cantat est ce qu’il est, mais avec Détroit, il prouve que la scène – s’il fallait encore le prouver – est sa maison. Guitariste de choix, chanteur à grande voix, forte, crépusculaire parfois, il est surtout un immense interprète. Et de nous gratifier, même, de reprises des historiques Noir Désir, chantées en choeur par les milliers – on peut dire milliers ? – de spectateurs. « Tostaky », comme « Le vent l’emportera », est au programme. Emportés, nous le sommes, une heure et trente minutes ballantes – oui ! On a aimé, on a dansé, on a plongé dans la folie rock et puissante de Détroit. Jusqu’à suer à n’en plus pouvoir. C’était bon, bordel !

 

Ces morceaux choisis se terminent là, trop fatigués pour vous en dire plus… Allez, au moment de clore ces quelques lignes, nous vous faisons un gros bisou. Et vous disons, tendrement, à demain !