Les groupes heavy ne manquent pas en France. Sauf qu’ils sont plutôt assez rares lorsqu’il s’agit de faire quelque chose d’original. Emmené par l’ex-Calc Julien Pras, le trio bordelais propose depuis 2011 un heavy-rock d’une facture pleine d’esprit et de goût. D’abord les influences ici mettent en perspective une immense culture musicale. D’autre part, comme le démontre leur excellent deuxième album Stranded In Arcadia, nos trois hommes savent intelligemment ouvrir leurs riffs plombés au space rock progressif et psychédélique. Aussi, il ne faudrait surtout pas oublier le versant « pop » de Mars Red Sky qui avec son chant aérien et harmonieux apporte une dimension particulièrement excitante. Bref, Mars Red Sky échappe avec brio aux clichés du genre. À chaque nouvelle production, le groupe assoit son empreinte sonore et gagne logiquement en notoriété.
À la veille d’une grande tournée automnale, toutes ces raisons ne pouvaient que nous conduire à en savoir plus sur ce groupe brillant et attachant.

J’ai assisté à un très bon concert ce soir au festival Terra Incognita et je vous en remercie. Qu’est-ce qu’est pour vous un bon concert ?

Mat (batterie) : Ce qui fait la différence, c’est quand les gens connaissent et attendent le groupe, là tout de suite, la communication est plus facile. Mais pour le cas de ce concert, j’ai trouvé qu’une partie des gens nous connaissait et une autre nous découvrait et j’ai l’impression que la deuxième a été agréablement surprise, à en croire les retours. Mais l’essentiel, c’est qu’on soit bien sur scène et que ça marche entre nous et heureusement c’est le cas (presque) à chaque fois.
Jimmy (basse) : De plus jouer vers 22H, c’est en général un gage de bon concert sur un festival, pas tout le temps, mais souvent !

Dans quelles circonstances de live Mars Red Sky joue-t-il le mieux ?

Mat : Je préfère les clubs de taille moyenne (200/300 places). Quand on est en tournée avec une dizaine de dates derrière nous, c’est là où ça joue le mieux je pense… Quand tu peux ne t’occuper que de l’interprétation et que tu peux lever les yeux et regarder les gens. Après il faut savoir s’adapter à toutes les situations et aussi aller chercher les gens quand c’est nécessaire. Parfois quand les conditions techniques sont un peu limites il faut pousser les murs pour agrandir les pièces. C’est pour ça qu’on part toujours avec Pierre notre ingé son, qui suit le groupe depuis le début.
Jimmy : L’accueil des gens qui organisent comme du public a aussi une incidence, c’est toujours agréable de sentir que ton groupe est attendu et que les gens ont envie.
Julien (chant, guitare) : En effet, quand on sent qu’on joue devant des gens qui sont là pour nous, ça crée tout de suite une situation confortable et propice pour plus nous lâcher. Rien que jeter un oeil pour jauger l’ambiance et échanger un sourire avec quelqu’un en train de s’éclater, ça donne une bonne impulsion.

Vous avez l’habitude de jouer devant un public souvent hétéroclite. Devant lequel en particulier aimez-vous le plus jouer ? Et pour quelles raisons ?

Mat : Oui c’est sûr et c’est vraiment très agréable de voir des gens différents dans le public. Avec les métalleux, les gars sont toujours branchés musique et matos, ça mate les pédales au premier rang et ça me fait toujours halluciner de voir des gros nounours dans des T-shirts de Watain chanter les paroles de Julien avec leur copains et leurs canettes à la main ! Après j’espère pouvoir jouer devant des gens venant de milieux différents, c’est ce qui est fun !
Jimmy : Il peut y avoir de grosses surprises, nous avons été très bien accueillis par exemple sur les dates en support de Détroit ou bien dans d’autres conditions devant certaines personnes « âgées ». La veille de Terra Incognita, nous avons joué dans un village dans le Gers et nous avons vendu quelques tee-shirts et un CD à des femmes d’âge mûr, pour ne pas dire des « petites vielles ». Aussi, je me souviens de cette femme de 65 ou 70 ans à Mariehamn sur une petite île entre la Finlande et la Suède qui pleurait pendant le concert à chaudes larmes car « ça lui rappelait sa jeunesse dans les années 70 ». Ca, mon pote, tu t’en souviens !

nous avons vendu quelques tee-shirts et un CD à des femmes d’âge mûr

Je ne suis pas forcément amateur de vidéo-projections durant les concerts mais j’ai beaucoup aimé les vôtres. Il y avait une belle adéquation entre la musique et l’image. Que cherchez-vous à offrir au public ? En quoi la vidéo-projection est-elle importante pour votre set ?

Jimmy : À la base, nous avons voulu mettre des vidéos pour pallier à certains côtés un peu statiques (on dira plutôt « shoegaze » d’ailleurs) de notre jeu de scène. Nous avons ensuite mis ces vidéos sur YouTube et on s’est rendu compte que ça plaisait beaucoup et qu’elles faisaient partie de l’univers du groupe finalement. Donc on a plaisir à les montrer quand cela est possible, une part de notre musique est relativement « contemplative », cela s’y prête donc bien.

Je trouve qu’il y a un côté cinématographique dans votre musique, qu’elle pourrait être les bandes sons de films anciens, bizarres… Le cinéma a-t-il une quelconque influence sur ce que vous écrivez ? Comment concevez-vous ces films qui vous servent aussi de vidéos officielles ?

Jimmy : L’aspect cinématique de notre musique n’est pas forcément dû à une influence forte du cinéma, cette impression est juste renforcée par les vidéos, les pochettes qui peuvent parfois contenir quelques références. Nous avons déjà fait une « création » mêlant pas mal de choses comme de la vidéo et de la musique concrète à l’occasion de la release party de notre dernier album. Cela s’appelle « Into The Mars Red Sound » et c’est facilement trouvable sur YouTube. Nous avons trouvé assez vite une petite recette qui permet d’illustrer modestement nos titres, c’est rapide, ça ne coûte rien, nous aimerions bien travailler sur un projet de clip un peu plus ambitieux…
Julien : Je crois qu’on est tous assez cinéphiles, Jimmy est modeste car il a une très bonne culture cinématographique. On est très sensible à la musique à l’image, principalement les musiques de film, même si je ne pourrais pas citer beaucoup de noms de compositeurs (Danny Elfman, Badalamenti…). Ça doit remonter à l’enfance, Les Cités d’or, Il était une fois l’homme, tous ces trucs destinés aux enfants avec des musiques très fortes pour des gamins. J’avais pris une grosse claque en regardant Il était une fois dans l’Ouest avec la musique de Morricone quand j’avais 8 ou 9 ans. Un film, ou même un pauvre téléfilm peut être complètement inintéressant. Si la musique est bien, le simple mélange de celle-ci avec les images va m’émouvoir. Je crois qu’on est des éponges à ce niveau. Par exemple, quand je travaille pour mes projets perso (ou des ébauches pour le groupe), je sens quand telle ou telle atmosphère m’emmène dans un endroit qu’il me semble connaître, sans pouvoir exactement le définir précisément. On voit des couleurs, de vagues images, du mouvement…

Stranded in Arcadia est un album très réussi. Dans quel état d’esprit a-t-il été composé ?

Mat : Il a été composé de la manière la plus naturelle qui soit. On s’est retrouvé plusieurs fois pour des répètes en début d’année 2013 dans des locaux à Bordeaux où on fait tourner des riffs, des plans que chacun avait plus ou moins préparés à l’avance, et on passe tout ça dans notre moulinette. À peu près comme tous les groupes de la terre, je pense. Après, un deuxième album n’est jamais évident, surtout après un premier qui a rencontré un certain succès. En ce qui me concerne, étant un nouveau membre, il y avait une petite pression, mais plutôt positive en fait. On avait envie de sortir de chouettes morceaux, de se faire plaisir et surtout de ne pas répéter le premier album.
Julien : On n’a pas de recette précise, mais on sentait bien quand on tenait une base qui sonnait comme un potentiel bon morceau pour Mars Red Sky. Que ce soit né d’un jam ou d’une base couplet/refrain fait à la maison.

Il me semble que vous savez mieux explorer les espaces et que vous savez mieux tirer profit du potentiel des chansons. Votre avis là-dessus ?

Julien : On a pu avancer sur des structures plus ambitieuses sur ce deuxième album, des atmosphères plus variées du fait de nos expériences passées, de nos autres projets, et bien sûr du fait de l’arrivée de Mat. Auparavant on se limitait consciemment à des choses très simples. Certains titres tournaient autour de deux, trois notes, je n’osais pas trop ajouter de choeurs de peur de trop se rapprocher de Calc (mon groupe principal à l’époque). Idem pour les compositions; un peu moins complexes et arrangées, volontairement réduites à l’essentiel. On se focalisait surtout sur le son lourd, massif, contrastant avec le chant aérien, un jeu très laid-back, très lent, en jouant beaucoup sur les changements de tempo (ce que l’on continue à faire d’ailleurs, ce sont des éléments essentiels de notre musique). Or quand Mat nous a rejoints, on s’était un peu lassés de cette routine (au début on avait même, pour déconner, établi un « dogme »…). On a commencé à composer très vite ensemble, et on a pris plaisir à développer, essayer des choses. On a aussi ajouté pas mal de choeurs ce coup-ci. On arrive à se comprendre facilement tous les trois, on peut tenter d’aller dans telle ou telle direction, revenir en arrière, prendre un autre chemin… Jimmy aussi amène des morceaux comme pour « Holy Mondays », bref on essaie un peu tout en général.

Comment essayer de faire en sorte que les gens ne puissent pas aller pisser ou commander une bière entre les titres, quand on s’accorde…

Qu’êtes-vous en mesure de mieux maîtriser maintenant ?

Mat : On bosse maintenant sur le live, sur les enchaînements de morceaux, comment essayer de faire en sorte que les gens ne puissent pas aller pisser ou commander une bière entre les titres, quand on s’accorde… Plus sérieusement on essaie de penser le concert plus dans une globalité qu’une succession de chansons. On va tester des nouveaux trucs début septembre pour la tournée d’automne en Europe…

Comment évaluez-vous votre marche de progression ?

Julien : Musicalement, nos disques sont différents et on a sûrement un peu progressé d’un point de vue technique, mais on a surtout évolué, muté. Je suis très content des deux albums (et du EP Be My Guide), et je suis content de la direction qu’on a prise et de l’évolution qui est déjà en marche pour le prochain album. Je pense qu’on a un sacré potentiel. On ne peut pas savoir comment on va exactement l’exploiter mais c’est cette inconnue qui est excitante et inspirante.

Qu’est-ce que Mat a pu apporter sur ce nouvel album ?

Julien : Ses parties sont consciencieusement écrites et remarquablement jouées, il crée des patterns très mélodiques. J’adore le son et le jeu de batterie sur l’album. Quand Benoît est parti en nous encourageant à continuer, il n’était plus très motivé et surtout il craignait la direction qu’on commençait à prendre. Par exemple, il n’était pas très fan de « Seen A Ghost », un morceau plus ambitieux avec pas mal de changements d’atmosphères dans le même morceau, de dynamique, de choeurs… C’était pour moi un de mes préférés, alors quand Mat m’a dit qu’il l’aimait particulièrement, ça m’a tout de suite rassuré. On a très vite eu une bonne entente tous les trois, et la mise en place des morceaux de l’album s’est faite de façon très fluide, tout le monde avait plein d’idées, on s’est fait plaisir. D’ailleurs, il a également amené la base de l’instrumental « Arcadia », le pattern de batterie et le riff de base.

Quelle est votre autocritique sur Stranded in Arcadia ? Points positifs et négatifs compris ?

Mat : Je suis très fier de cet album, il a été fait dans des conditions tellement dingues ! Je m’en souviendrai toute ma vie. Si c’était à refaire je ne changerais absolument rien.
Julien : Vu la façon dont il a été fait, et surtout finalisé (complètement dans le speed, par échange de fichiers Brésil/France, alors que de mon côté, j’étais en train d’enregistrer un groupe chez moi !), c’est en effet hyper satisfaisant. J’en suis très fier aussi. J’ai quelques petits regrets, des détails que j’aurais aimé qu’on corrige, des choses qu’on n’a pas eu le temps de faire, mais finalement c’est toujours le cas. Donc globalement pour moi, c’est une réussite.

Qu’est-ce que « Arcadia » désigne ?

Julien : La cité mythique de la Grèce antique, un lieu de félicité, d’harmonie entre les hommes, la nature. Une sorte d’utopie, ou de « Neverland » selon comment on le voit. L’idée d’être « échoué » dans un tel endroit semblait amusante (le goût du contraste, encore). De plus, ça fait écho à cet heureux accident à Rio, le contexte de l’enregistrement de l’album…

Vers quoi les paroles tendent-elles ? Qu’est-ce qui vous inspire pour les textes ?

Julien : Les paroles sont écrites en dernier, après la musique, après avoir défini une ou plusieurs mélodies. Je commence par chanter en yaourt, ainsi quelques mots apparaissent. À partir de là une ou deux phrases vont donner une direction. Si le thème est trop évident, je vais cacher ça sous des métaphores ou simplement changer de sujet, brouiller les pistes. Je pioche parfois dans des carnets où je griffonne des idées, ou des phrases que j’ai entendues dans un film ou lues quelque part. J’aime bien jouer avec les mots, les sonorités. Les paroles sont volontairement cryptiques (bien que certaines soient plus évidentes sur cet album), elles doivent surtout suggérer, évoquer des émotions, pas les imposer.

Votre son est vraiment génial. Quels choix avez-vous fait pour l’enregistrement de Stranded in Arcadia ?

Julien : Merci! On a enregistré quasiment toute la musique dans le petit studio de Gabriel Zander, au Brésil, et vu qu’on enregistre live, à savoir tous les trois dans la même pièce, Gabriel a travaillé comme à son habitude; il se concentre d’abord sur la batterie, dispose certains micros de façon peu conventionnelle (dont un micro d’ambiance dans les toilettes qui sonnait d’enfer), et Jimmy et moi en DI, direct dans la console… Puis réampés, repassés dans différents amplis choisis avec Gabriel, en plus des overdubs, de guitare surtout. Les chants ont été enregistrés chez moi dans un mini studio. On était très loin de ce qu’on avait planifié à la base; un studio en Californie avec des pièces partout, tout analogique (et numérique pour le confort), mais suite à un petit problème d’immigration, on est restés coincés à Rio. On a eu une chance incroyable de rencontrer Gabriel qui fait des miracles dans son modeste studio. Il a réussi à enregistrer et mixer l’album comme un dieu.

Quelques mots sur le choix de votre matériel ?

Mat : J’ai une Ludwig des 70’s avec de grosses dimensions, 24, 14, 16, les peaux sont détendues à mort, la caisse claire est très profonde et sonne presque comme un tom (en live en tout cas) et les cymbales sont énormes aussi, j’ai un charley de 19 à ma droite qui fait bien son métier ! L’idée est de jouer le plus au fond du temps possible sans faire caler le moteur et de jouer avec les impulsions entre nous trois. Il faut vraiment qu’on soit à l’écoute les uns des autres… Les tempos font comme des vagues et il n’y a presque pas « d’attaque » dans nos sons.
Julien : En concert, je joue depuis le début sur deux amplis, disposés de chaque côté de la scène. Une vieille tête Marshall MK2 sur un baffle un peu rincé (qui risque de changer…) et un Fender Blues Deluxe. Le même signal sort sur chaque ampli mais ils sonnent très différemment, ils ne réagissent pas exactement pareil à ce que je leur envoie dans la tronche… à savoir : principalement une pédale Big Muff Sovetek, diverses reverbs et delay (dont une Cathedral d’Electro Harmonix), une OD2 pour monter d’un étage, une Cry Baby signature Jerry Cantrell (l’intérêt étant le potard de tonalité, et un autre de volume que j’ai fait rajouter), un clone de Big Muff russe peinte aux couleurs de Mars qu’un ami nous a fabriqué (Jimmy en a une lui aussi) pour monter encore d’un étage. Ma guitare est une Cort assez cheap; c’est une guitare de jazz donc elle est plus douce qu’une Mustang ou autre, ce qui est très bien pour notre son.

Votre musique est très psyché. Quelle est votre définition du psychédélisme ?

Mat : Pour moi le psychédélisme d’un point de vue purement musical est une façon de « produire » différents types de musique, simplement en utilisant de la reverb et du delay. 13Th Floor Elevators est un groupe psyché et les Pink Floyd aussi, sauf qu’on ne peut pas vraiment les classer dans la même catégorie ! Donc tout ça pour dire qu’en ce qui me concerne, je ne considère pas le psyché comme un style, comme le metal ou le reggae peuvent l’être, par contre on peut trouver du metal psyché (un peu comme ce qu’on fait) ou du reggae psyché (du dub quoi…) et les trois mélangés ça fait Dub Trio ! Moi avant, je disais « barré » maintenant on dit « psyché », pas de souci, je m’adapte.

Moi avant, je disais « barré » maintenant on dit « psyché », pas de souci, je m’adapte.

Julien : On ne s’intéresse pas tant que ça au mouvement psychédélique, mais ce qui en est sorti musicalement et graphiquement dans les années 60/70 est prodigieux. J’imagine que l’idéal hippie de ces années-là est revenu à la mode, d’où le revival actuel. Mais en effet, les productions de l’époque sont superbes. L’utilisation à outrance de la réverbération, des panoramiques (voire des idées géniales d’arrangements et d’effets particuliers dans le cas des mixages mono, comme chez Phil Spector ou les Beatles), les jeux de contraste, les sons évocateurs d’images ou de sensations, tout ça est passionnant !

Quelles sont depuis toujours vos influences en termes de musiques psychédéliques ?

Mat : Pink Floyd, Frank Zappa, 13th Floor Elevators, P-Funk, The Cramps, Captain Beefheart, Jimi Hendrix, Sweet Smoke, Mott The Hoople (plus glam mais psyché tout de même), Steely Dan (première période), Scorpions (3 premiers albums), Deep Purple (2 premiers albums), Miles Davis (période Bitches Brew)… Peut-être que certains d’entre eux ne sont pas homologués psyché… Je ne sais pas, il faut voir avec le comité.
Julien : J’y ajouterai des trucs plus progressifs comme Genesis, King Crimson, etc. Eh tiens, les Beatles, on les avait oubliés !

En termes de musique heavy, est-ce que Black Sabbath est pour vous la référence ultime ?

Mat : J’adore Black Sabbath, je pense qu’on peut les mettre à la racine de l’arbre généalogique du heavy. Mais bien sûr en 2014, il y a des choses plus heavy, plus extrêmes, plus modernes, donc je réécoute Black Sabbath avec parcimonie. Par contre, je les ai vus pour la première fois au Hellfest, et je pense que l’auto-tune d’Ozzy était en panne. Et je reste poli.
Julien : Oui, c’est une des bases principales, avec tous leurs descendants comme Saint-Vitus, Sleep, etc.

J’aimerais demander à chacun d’entre vous de me citer des musiciens qui vous ont influencés.

Mat : Bruce Springsteen, Dave Grohl, Jay Robbins, Jon Congleton, John Bonham, Matt Cameron, Kurt Cobain, Captain Beefheart, Frank Zappa, Mac McNelly, John Lennon, John Auer, Steve Earl, Wizz (Mega City Four), Ginger (Wildhearts), Hank III… La liste est encore longue… Et surtout à peu près tous les musiciens avec qui j’ai joué.
Julien : Jay Mascis, Robert Pollard, Judee Sill, Nick Drake, Neil Young, David Lespès, Gram Parson, Jimmy Hendrix, Paul McCartney, Robert Wyatt, l’inventeur du 4-pistes à cassette (qui devait être musicien), David Bowie et ses arrangeurs, JS Bach, Broadcast, John Fahey, Toumani Diabaté, Moondog, Robert Fripp, Kevin Shields… La liste est sans fin.

Quelques mots sur votre identité graphique et le travail de Carlos Pop. En quoi pensez-vous qu’il a capté l’essence de Mars Red Sky ?

Julien : On a commencé à bosser ensemble sur les visuels dès le premier 45 tours, et il a développé un style particulier pour nous. C’est surtout Jimmy qui est en contact avec lui pour les visuels; il lui donne une trame, une idée qu’il nous propose, puis Carlos s’y colle (c’est le cas de le dire, il y a un côté collage dans son travail que j’aime beaucoup). C’est chouette qu’il y ait une continuité en plus d’une identité particulière au niveau des pochettes et autres visuels.

Comment vous sentez-vous sur le label Listenable Records ? En quoi sert-il bien les intérêts du groupe et de votre musique ?

Julien : On est ravis, on a une super relation. C’est un label qui rayonne sur l’international, qui fait un gros boulot de distribution et de promotion entre autres. On a de la chance d’être chez eux.

Si demain chacun d’entre vous montait un tout nouveau projet musical ? À quoi ressemblerait-il ?

Mat : Je suis déjà dans d’autres formations. Et j’ai besoin d’être dans des groupes différents les uns des autres pour ne pas devenir maboul. Un peu comme dans une journée, je vais avoir besoin d’écouter du death metal ou de la pop psyché… Et n’écouter que Behemoth me rendrait dingue tout comme n’écouter que Simon & Garfunkel. Je suis dans un groupe qui s’appelle Epiq, un trio basse batterie balafon avec mon vieux pote Laurent avec qui on jouait dans Headcases. J’accompagne le Reverend James Leg à la batterie, et je viens tout juste de rejoindre Daria, un groupe d’Angers des années 2000 qui envoie de l’indie rock entre Weezer et Jawbow. Et dans les activités extra musicales, je viens de publier un bouquin qui s’appelle T’arrives ou tu repars ? Soixante jours sur la route avec James Leg et Mars Red Sky. Tout est dans le sous-titre, ce sont des notes mises en forme que je prends pendant que je suis sur la route avec mes groupes et ça se présente dans un bouquin format A5, 170 pages et ça vient de sortir chez Kicking Books.
Julien : C’est pareil pour moi, j’ai toujours joué dans différents groupe. Calc était mon projet principal, on a sorti six albums. On est tous très amis (Jimmy en fait partie, il est le « manager for life » du groupe !) et j’aimerais beaucoup qu’on rejoue ensemble un jour. J’aimerais aussi réactiver Victoty Hall, un truc entre Guided By Voices, Eric’strip, Dinosaur Jr. C’était un faux groupe au tout début, j’enregistrais des dizaines de morceaux très rapidement sur un quatre pistes et je fabriquais des pochettes à base de collages, je gravais une dizaine de CDs et passais à autre chose. Puis des potes m’ont rejoint pour jouer live et on a sorti un beau 33t avec des nouveaux titres. Entre 2010 à 2012, j’ai accompagné Emily Jane White sur quelques tournées, et on a toujours un projet commun en suspens. Sinon j’ai pas mal de nouveaux morceaux à enregistrer pour un prochain album solo. Les deux premiers sont sortis sur Vicious Circle, j’espère en faire un autre dès que j’aurai trouvé la bonne méthode. C’est plus arrangé, une sorte de folk baroque, psyché, avec des 12-cordes et des (faux) mellotrons. Et plein de choeurs. J’accompagne mon amie dans son projet Queen Of The Meadow également. Je me suis remis à faire des collages aussi… Bref plein de projets en cours.

Quels sont jusqu’ici vos meilleurs souvenirs avec Mars Red Sky ?

Mat : Il y en a déjà tellement ! À chaque fois qu’on monte dans le camion, on est tous heureux de se retrouver et de rigoler ensemble. L’année 2014 est déjà bien chargée en souvenirs, la p’tite tournée en Grèce, le Hellfest, notre release party chez nous à Bordeaux au théâtre Barbey… Et 2013, c’était complètement dingue aussi avec le Duna Jam, l’enregistrement au Brésil, une date à Buenos Aires…

Un interview réalisé par chRisA pour le blogzine I am a lungfish song.