Vous vous promenez avec votre douce au bord du canal Saint-Martin, et Akilamin vous offre son accordéon comme bande-son. Le musette manouche est un genre ancré dans une tradition, que perpétue à merveille ce trio (accordéon, guitare et contrebasse). Pas de compositions, mais des hommages puisés dans le répertoire collectif, et que l’on retrouve avec plaisir : des morceaux devenus des classiques, d’Astor Piazzola à Richard Galliano. Sa « Valse à Margaux » est un bijou qui fait vibrer le coeur. La gageure était de ne pas l’abîmer, et Patrick Houdusse, l’accordéoniste du trio, relève le défi haut les mains, avec une grande sensibilité.
À la deuxième écoute, vous entendrez la beauté des thèmes choisis, qui voyagent de swing en bossa. Vous remarquerez la fluidité et la justesse du jeu des deux solistes. Le guitariste Léo Lacroix (pilier du groupe de jazz manouche lavallois Chorda) et Patrick Houdusse se renvoient la parole, tour à tour, l’un accompagnant l’autre, en bon jazzmen. Vous vous émerveillerez de la grande technicité de ces arpèges, qui montent et descendent, qui trillent et se glissent en montagnes russes. Mitonné à la maison, l’enregistrement met en valeur la chaleur des instruments.
Dans ce registre déjà parcouru depuis des décennies, de Tony Murena à Ludovic Beier, Akilamin n’a pas la prétention de réinventer la poudre. Juste d’emmener son auditeur du halage de la Mayenne jusque sur les quais de Paris. Téléportage réussi.