En février 2012, le club jazz nantais Le Pannonica a donné carte blanche au pianiste Alexandre Gosse pour une création. Le Mayennais a alors fait appel au trompettiste Geoffroy Tamisier et au batteur Jean « Popof » Chevalier, deux pointures. Tribus Delectus est né : des équilibristes sur le fil du jeu libre.
« Chaque musicien est invité à glaner dans un creuset de mélodies,trames harmoniques, structures modales et tourneries, écrites pour être questionnées, embellies, entrecroisées, superposées, selon les humeurs en présence » expliquent-ils.
Le résultat sur ce disque, c’est une déambulation onirique. Peut-on parler de musique actuelle ? N’est-elle pas plutôt atemporelle ? Elle convoque le jazz et la musique contemporaine. À la médiathèque, on rangera le CD dans le bac « Open music », là où se trouvent les merveilleuses pépites, les voyages intérieurs de Jon Hassel et extérieurs de Mukta (où officiaient Tamisier et Chevalier). Tribus Delectus peint des tableaux sonores, des bandes-son pour films à imaginer les yeux fermés. Peut-être n’est-ce pas un hasard si Alexandre Gosse a composé un ciné-concert sur le film Metropolis ? On se laisse porter par les images musicales de ce trio inventif (épicées des clarinettes d’Olivier Thémines sur quelques morceaux). Comme au cinéma, ou mieux, comme dans un rêve. Il pose des silences contemplatifs, fait apparaître la respiration douce d’une trompette orientale, puis plonge dans une tourmente de notes de piano où se mêlent main gauche et main droite dans une même virtuosité. De la poésie actuelle.