J’avoue que les joyeux premiers tubes d’Archimède, dont j’ai subi ce que je considérais à l’époque comme un matraquage départemental (« L’été revient » en tête), m’ont de prime abord exaspéré. Ce jusqu’au jour où je reçus d’un bon copain, saxophoniste de jazz et fan des dits frangins, l’électro-choc de son admiration pour eux. Deux minutes d’attention suffirent pour me rendre à l’évidence. Mea (maxima) culpa. Ces deux garçons ont un véritable talent et le démontrent encore avec ce troisième opus.
Musicalement, les mélodies bien ficelées ont conservé leur légèreté et efficacité imparables. En revanche, à l’image de la pochette de l’album, voix et textures sonores ont troqué leur chaleur et effets « boisés » au profit d’une élégance plus épurée, synthétique, quasi-cristalline parfois. Le chant évoque toujours le bagout d’un Renaud shooté à l’Oasis (le groupe !), tantôt révolté, tantôt provocateur, ou calmement désabusé par les inévitables absurdités de son époque. On retrouve aussi dans Arcadie cette plume si particulière qui sait marier finesse et fausse naïveté en des tournures de phrases aussi originales qu’inattendues et imagées. La nouveauté, c’est un virage vers des thématiques plus profondes, mais toujours sur un ton esquivant habilement le mélodrame.
Lorsque, seul au volant, je me repasse l’ultime chanson de l’album, je ne le vois pas venir… Comme une madeleine, je fonds littéralement en larmes, pour la seconde fois dans ma vie de mélomane. La preuve que la musique recèle de pouvoirs insoupçonnables, à condition qu’elle soit bien exécutée… et bien accueillie.