Après la sortie de sa première démo en 2008, Ba’al revient sur le devant de la scène rock du 53, avec ce premier album enregistré par Thomas Ricou, oreille aiguisée, par ailleurs guitariste d’O-Rudo. Sur les huit plages de cette production bien léchée, des guitares énervées s’acoquinent avec une batterie franchement rock, des bidouillages électro habillent une voix hésitant entre slam et chant… La musique de Ba’al se joue des étiquettes pour créer une pâte sonore bien à elle. D’aucuns y reconnaîtront de prestigieuses références (allant de Noir Désir à Portishead), mais au jeu des comparaisons, la musique des quatre lascars demeure totalement inclassable.
Là où d’autres visent à appâter l’auditeur à coup d’effets appuyés, l’album du quartet lavallois ne se laisse pas facilement apprivoiser. C’est donc l’oreille ba’albutiante qu’on entre dans les entrailles de la bête. Et si à la première écoute, l’animal peut se montrer intimidant, à y retourner deux ou trois fois, il devient familier. Une fois plongé dans l’univers musical de Ba’al, on assiste à un feuilleton épique où plane une forte odeur de souffre, de sexe et de luxure. De rebondissements électriques en électro-chocs, on se laisse happer par le râle incandescent de Guillaume, le diseur de cette grande aventure. Son verbe poétiquement engagé et sa manière si particulière de faire sonner la langue française emmènent les morceaux de Ba’al sur le terrain de la chanson, mais celle des anars, de Ferré, pas de Bénabar… Captivant d’un bout à l’autre, cet album possède suffisamment d’arguments pour squatter un petit moment vos platines.