Pour introduire la sortie de son nouvel EP, prévu pour juin, le quatuor Babel balançait il y a quelques semaines sur la toile le clip de son dernier missile sonore, le détonnant Bless(e) You. On devra patienter jusqu’au 3 avril pour découvrir les nouvelles chansons du groupe sur la scène du 6par4. En attendant, Sébastien Rousselet, chanteur du groupe, revient sur son actu mayennaise (plutôt) chargée.

Tu accompagnes actuellement le groupe mayennais Angry Beards Duo dans le cadre du Grand Atelier, dispositif piloté par festival des Arts’Borescences et les studios La Boussole au Grand Nord à Mayenne. Quezako ?

C’est Bruno Legrand de La Boussole qui m’a contacté pour ce projet. Il avait dû entendre parler du travail de fond qu’on faisait sur les résidences de Babel, que ce soit au Chantier des Francos ou avec Matthieu Rimbert du conservatoire de Cholet. Comme j’ai étudié le théâtre, que j’ai participé à pas mal de projets d’action culturelle et que j’avais déjà accompagné Olivier Hédin et Manu Grimaud sur le projet Même pas peur, il a dû se dire que j’avais un profil intéressant pour ce type de travail.
Ça faisait longtemps que j’avais envie d’accompagner des groupes dans la gestion de la scène. C’est souvent quelque chose que les groupes (surtout de rock) dénigrent ou laissent de côté. Alors que la scène, c’est tout sauf un espace naturel. Il faut se l’approprier. C’est pas parce qu’on écrit des chansons magnifiques dans sa chambre qu’on peut les donner immédiatement au public. On a tous une tendance naturelle à se replier sur ce que l’on sait faire, et donc à se limiter. Et la scène c’est vraiment là où il faut prendre des risques. Et pour ça un regard extérieur, c’est indispensable, pour nous aider à aller là où on ne s’attend pas.
Comme le dispositif balaie large (il y a une prof de chant et un arrangeur en plus) et qu’il s’inscrit sur plusieurs mois, je me suis dit qu’il y avait vraiment moyen de faire un travail approfondi. Et la première session de travail s’est très bien passée. Mais pour ça il faut une bonne dose de confiance des musiciens envers l’intervenant.

Dernièrement, tu as travaillé également sur un projet avec des élèves du lycée agricole de Château-Gontier, présenté au Carré le 24 mars. En quoi consistait ce projet ?

C’est un projet porté par le LPA et coordonné par le Carré. L’idée, c’était d’accompagner les élèves dans la création d’un spectacle où s’entremêlent diverses formes artistiques, telles que la vidéo et l’installation de machineries (avec le collectif ZUR), le théâtre (avec le metteur en scène Maxime Dubreuil), la musique électronique (Dj Slade) et le slam (ma pomme). C’est cet aspect transversal qui nous a plu. La rencontre était la thématique qui servait de cadre. J’ai utilisé la technique de l’écriture automatique pour casser les lieux communs qui avaient tendance à revenir dans l’écriture des élèves, afin d’aboutir à quelque chose de plus personnel. Et on a de très belles choses. Mais le gros du boulot, c’était l’interprétation, et là on en revient à ce que j’expliquais tout à l’heure sur le travail scénique.
J’aime bien accompagner les autres dans leur recherche, que ce soit en résidence ou en « action culturelle ». C’est très gratifiant quand on arrive à révéler ce qui était en germe dans un projet artistique ou dans la tête d’un ado. Et puis j’aime bien travailler sur l’humain. Il est aussi chiant qu’il est passionnant. Ceci dit, ça prend beaucoup de temps, alors en ce moment je me concentre plus sur la musique. C’est pareil pour Slade. Faut pas non plus se tromper de métier, ou alors faut faire un choix…

Le public du 6par4 découvrira les chansons de votre nouvel EP le 3 avril prochain. Hâte d’y être ?

Oui, ça fait plaisir. On y a fait pas mal de résidences, on y a joué pour la sortie de notre premier album, du coup ça n’est pas rien d’y revenir.
On devait fêter la sortie de Bless(e) You notre EP, mais finalement notre agenda a été bousculé et on va le sortir en juin. Pas mal de partenaires potentiels, labels et tourneurs sont intéressés pour entrer dans le projet. Alors on attend un peu, chacun réfléchit dans son coin mais on s’est fixés juin comme limite. Il faut aussi qu’on avance.
C’est compliqué d’être pleinement satisfait d’un disque ou d’un concert, il y a toujours un moment un peu plus faible qu’on assume moins. Là on commence enfin à toucher du doigt le fait que tout nous va. On s’est beaucoup cherché artistiquement depuis les Francofolies. On était en pleine mutation, on se demande avec le recul si on n’a pas été aux Francos trop tôt. Mais cette période de recherche aussi inconfortable qu’elle ait pu être dans ses remises en question nous a beaucoup fait avancer entre nous. On a fait aussi un gros travail sur le son avec Thomas Ricou. Il nous suit sur scène comme en studio, et ça c’est un sacré luxe car il connait les morceaux sur le bout des doigts et sait ce qu’on veut y mettre. C’est une vraie recherche commune sur le traitement de la voix, le choix d’un micro, des techniques de mix. On est allé jusqu’à masteriser le disque chez Chab (grammy pour le dernier Daft Punk). On est arrivé à un son beaucoup plus massif, et une esthétique plus cohérente. L’écriture et l’interprétation sont plus dépouillées.
Le show s’en ressent clairement sur scène, avec une toute nouvelle création lumières de Pierrot Usureau, notre lighteux. C’est très punchy et radical, comme notre son et le propos des morceaux. On a la chance d’être entourés par des techniciens qui ont une sensibilité d’artistes et sont très investis dans le projet. Bref on peut dire que 2015 s’annonce bien. Mais on a encore un peu de taf pour préparer la sortie de l’album pour la fin de l’année !