Sur le papier, « Babel et les maudits mômes » était enthousiasmant. Un casting porteur de réjouissances à venir. Au centre de ce projet initié par l’ADDM 53, le compositeur Babel, aussi charismatique en solo que brillant avec son quartet, à l’aise avec les mots et les mômes. Pendant deux ans, il a mené des ateliers d’écriture avec 500 gamins de 10 écoles mayennaises. Babel a créé des chansons guitare-voix avec les enfants. Puis celles-ci ont été arrangées pour un trio jazz de haute volée ainsi qu’un quatuor à cordes ! Le grand luxe. Ce travail a abouti à cinq représentations, captées sur cet album, qui en présente quelques « morceaux choisis ».
Et du papier à la scène, l’aventure a concrétisé toutes ses promesses ! Une vraie prouesse, car Babel et ses maudits mômes ne se sont pas faits de cadeau : ils ont écrit des paroles à la fois originales, drôles et conscientes, mais pas toujours simples à faire sonner par une chorale à 100 voix. Les rythmiques s’envolent, se recoupent, se brisent… et les « petits choristes » suivent. Les harmonies n’hésitent pas à jouer la dissonance pour une plus belle résonance… et les petits choristes suivent toujours ! On voyage en jazz, en syncopes cubaines, en blues oriental, en funk à cordes, en gospel de gosses. Indépendamment des voix enfantines, les airs et les refrains de Babel sont du genre à vous rester dans la tête. Et ces concerts offrent des moments de musique simplement magnifiques. Quand on pense à toutes ces générations (dont je fais partie) qui ont du se farcir Chantal Goya et Henri Dès. Les enfants d’aujourd’hui savent ce qu’est le groove. Et peuvent vous l’apprendre.