La fanfare roumaine Ciocarlia reprend bien « Born to be wild ». Alors pourquoi l’harmonie d’Andouillé ne jouerait-elle pas de la musique des pays de l’Est ? Afin de mettre toutes les chances de son côté, le chef de l’orchestre, Eric Pinson, a eu l’idée de prendre les conseils de gens avisés : Bajka, le plus balkanique des groupes mayennais. Cette collaboration s’est conclue le 24 mars 2007 par un concert dont l’enregistrement est aujourd’hui disponible en cd.
Au dire du chef, la rencontre a fonctionné : « travailler avec Bajka nous a permis d’élargir la palette sonore de l’orchestre, de développer sa vélocité, d’aborder la musique autrement, de manière orale ». Les six morceaux de cette prestation traduisent bien ce passage de la tradition orchestrale classique, très écrite, à la musique plus échevelée des Balkans. On sent les trois premières pièces, d’inspiration klezmer, jouées avec application. Mais, déjà, l’auditeur commence son voyage vers les tonalités orientales, découvre la puissance sonore d’un tel ensemble (près de 50 musiciens). Puis sur les trois derniers morceaux, les cinq Bajka se joignent à la fête, apportant leur fluidité, se glissant entre les notes carrées de l’orchestre. Un orchestre qui se libère, et finit par s’enflammer sur ces bonnes vieilles rythmiques frénétiques propres aux musiques d’Europe de l’Est, comme un écrin de luxe pour permettre aux solistes de Bajka de laisser éclater leur art. Ce disque n’est pas qu’une histoire d’interprétations : pour l’occasion, deux des musiciens du groupe ont écrit deux pièces inédites. Quand, dans quelques décennies, ils mourront célèbres comme Henri Salvador, ce disque sera collector !