Baxter, on connaît. Un mec de chez nous. Un gars de Mayenne, où il a créé il y a plus de 10 ans avec son home boy Foodj (aujourd’hui au mic dans Sine Qua Non) un des premiers groupes hip hop du coin, West Sound. Touché en plein coeur au début des nineties par les premiers artilleurs du rap français (NTM, Assassin…) comme d’autres furent maraboutés par les guitares cradingues de Nirvana, il voue au hip hop une passion inébranlable, une foi qui ne le lâchera plus. Et la sincérité de son engagement vaut à elle seule qu’on prenne le temps d’écouter sa nouvelle mixtape, téléchargeable gratuitement sur le net.
Même si le MC d »Oisseau city » (sic) peine parfois à se dégager des codes du rap : cette tendance un peu fatigante à l »egotrip », ce langage « wesh wesh », cette attitude un peu virile, limite macho, genre « j’suis le boss du micro », toute cette pause « ghetto » est parfois difficilement crédible dans la bouche d’un type qui habite un bled de 1000 habitants, paumé dans un département paumé. On préférait quelque fois que Baxter nous parle de son quotidien de rappeur à la campagne, de sa vie de b-boy trentenaire avec femme et enfants… Qu’il mette ses beats souvent inspirés et originaux, la maîtrise de son flow (en mode rapide comme downtempo) et son art de la rime qui tue (une science de la punchline que possèdent aussi ses deux invités, les excellents Maï Kash et Black Sad) au service d’analyses plus poussées ou de « vraies » histoires (comme sur « Coeur brisé », un des bons titres de cette mixtape, dont l’instru hésite entre syncopes jungle haletantes et dubstep rampant).
Ça sera sans doute pour le second disque solo, déjà en préparation, du « Mic Master Brother » (re-sic), que cette mixtape (support par essence moins abouti qu’un album) annonce à sa manière, frontale et sincère.