Deux ans ont été nécessaires à ce membre du groupe West Sound pour produire son premier disque solo, riche de 19 titres. Deux ans consacrés à peaufiner son verbe. Car Baxter accorde une grande importance au choix des mots justes et aux thèmes qu’oeil développe dans ses « lyrics ». Ici pas d’egotrip, ni d’autoproclamation. Passant de textes très personnels à des revendications engagées (péchant parfois par leur candeur), Baxter n’est jamais aussi captivant que lorsqu’il raconte une histoire, fabrique ses petits scenarii (comme sur l’haletant « Une saison en enfer »).
Signées pour moitié par Foodj (l’autre membre de West Sound) et pour l’autre par Baxter himself (exceptée l’excellente instru d’« On m’attend dans l’ouest » produite par le trop rare Menestrel), les productions de Chrysalide se distinguent par leur diversité. Une diversité, revendiquée par ses auteurs, qui a les défauts de ses qualités : marque d’une richesse créative et preuve d’une ouverture musicale rafraîchissante, cette variété prive peut-être Chrysalide de cette cohérence qui fait tout l’intérêt d’un album. Tour à tour quasi expérimentaux puis un poil kitsch, les beats de Baxter sonnent juste quand ils puisent, à la manière d’Hocus Pocus, dans ces influences inépuisables que sont les musiques afro-américaines, funk, soul ou jazz. Comme sur « Ad vitam » ou le lumineux « Beatmaker », petite perle inattendue, bâtie sur une syncope bancale et groovy, qui conte de manière ludique les différentes étapes de l’élaboration d’un morceau hip hop. Un titre frais et original qui, s’il ne séduit pas les ayatollah du rap hardcore, ravira toutes les oreilles sans oeillère.