Aujourd’hui, l’informatique nous sort des sons insensés et les groupes font de la pop en anglais. Aussi, un duo qui joue de la musique acoustique et met à l’honneur quelques perles de la chanson française du siècle dernier, a quelque chose de désuet, voire de surprenant, donc de sympathique.
Garance chante, sauf quand elle souffle dans un trombone. Elle parle de l’amour de mille façons, avec humour ou grâce. Bretelle joue de tout : trompette, accordéon, cliquetis et autres bricolages. Il porte un bleu de travail. Oui, car avant le disque, il y a un spectacle : Ressorts, cliquetis et fraises des bois. Sans l’image, on perd forcément une pointe de la magie des regards et de la dimension burlesque de leur prestation.
Mais on y gagne autre chose. La voix de Garance sort des canons d’usage : enfantine et fragile, elle touche finalement au plus près des sentiments, tantôt gouailleuse sur « La bonne soupe », tantôt confidente sur « Je suis amoureuse », deux chansons signées par le duo. Derrière le micro, on sent la comédienne. On y entend les sourires, on y écoute les silences, les filets d’eau et les respirations…
Parmi les six titres de ce premier disque, deux émouvantes reprises retiennent l’attention : la valse « Si la pluie te mouille » d’Anne Sylvestre et « L’Amour cerise » de Jean Ferrat, qui se termine dans la joie virevoltante de trompettes balkaniques (Bretelle fut de la première histoire de Bajka, dont les compères viennent donner un coup de main sur ce disque). Deux morceaux sobres mais puissants, comme ceux de Marc Perrone, qui donnent envie d’aller danser sous les lampions.