Dix ans déjà que Dadja roule sa bosse. Une vie de groupe ponctuée par la sortie de deux albums, quelques changements de musiciens – l’arrivée de Gaëtan à l’orgue Hammond, le départ d’Arnaud, l’un des deux chanteurs-guitaristes – une pause de 2007 à 2009… et enfin un nouvel EP, Ma cité. Six titres rudement bien ficelés, enregistrés à la maison avec l’ingé son Christophe Chauvière. Un bon son à dominante reggae mais aux influences multiples, du rock – version pop ou plus musclé – au funk en passant par la musique africaine. Au fil du temps, la formule de Dadja s’est enrichie d’une maturité musicale qui permet au groupe de distiller sur son nouvel EP une fusion complexe et inspirée. Qualifiés de « reggae rock progressif » par la formation, les morceaux s’avèrent en mouvement permanent : si la mélodie principale et les refrains relèvent du reggae dans la pure tradition du genre, grâce à deux guitares en liberté Dadja n’est jamais là où on l’attend. L’envie de faire bouger est presque palpable, les envolées de guitare tripantes, les choeurs apportant un contrepoint de douceur aux morceaux plus calmes. Les ambiances, plutôt sombres, suivent une progression dramatique réussie, jusqu’à porter le spleen à son comble ou la colère à son paroxysme.
Côté paroles, plutôt que de tomber dans la facilité de répéter quelques phrases pas forcément profondes en anglais, Dadja donne la priorité à un message engagé. Les textes évoquent la difficulté de vivre dans un monde où règne la loi du plus riche, mais aussi le bonheur de partager sa musique avec un public. « Le mot d’ordre sur scène, c’est simple, c’est donner, donner et encore donner », scande le chanteur dans « Festin ». Une chanson comme un emblème pour ce groupe généreux.