Après le « succès » de son dernier album (plus de 18 000 téléchargements sur le net), on attendait le beatmaker lavallois au tournant avec ce nouvel opus. Contrairement à ses productions antérieures, qu’il réalisait seul, de la pochette au mastering, Degiheugi joue collectif sur ce nouveau projet en confiant le packaging au talentueux Ice Cream et le mixage à un ingé son. Et le son du disque, large et limpide, s’en ressent.
Habitués aux instrumentaux, Degiheugi ouvre cette fois-ci largement les portes de son home studio à des invités vocaux. On le savait « metteur en sons » doué, il se révèle sur ce disque maître du casting : de la chanteuse Kalyanka au MC Canadien Nolto en passant par l’excellent Ghostown, la distribution est bluffante. Dénichés aux quatre coins de la toile mondiale, ces invités, aussi méconnus que talentueux, pourraient presque voler la vedette à ceux de Wax Tailor ou Massive Attack… Usant des ressorts du beatmaking (cut, scratches, samples…) pour les mettre au service de la voix, Dehigeugi trouve un équilibre judicieux entre la richesse de ses assemblages sonores et les performances vocales de ses invités, présents sur la quasi-totalité des 16 pistes de l’album.
L’artiste se permet même le luxe de prendre quelques risques : certains titres se dévoilent tardivement, maintenant le suspens sans jamais cesser de captiver l’auditeur. Gorgé de jazz, de hip hop, de soul ou de folk, accumulant les featurings, ce quatrième album joue la carte de la diversité sans jamais se départir de son unité. Une atmosphère sereine et apaisée, parfois légèrement mélancolique, plane sur ce disque, passionnant d’un bout à l’autre.