719e écoute et des poussières depuis que le dernier LP de Degiheugi, 6e du nom, m’a été mis entre mains et oreilles. Avec le même sourire répété à la demande, j’y retourne avec plaisir. Il faut dire que ce dernier venu du beatmaker lavallois est aussi bon qu’addictif. En guise d’introduction, alors qu’il glissait un « quoi de neuf ? » malin sur son disque précédent, il préfère ici se jouer d’emblée de nos expectations potentielles, non sans humour ni auto-dérision : « Qu’attendez vous de moi ? », soufflant – entre samples vocaux et berceuse soul hip hop – qu’il sera aussi question de lâcher-prise et de rire.
En 16 titres, la diversité des genres convoqués, mêlés et triturés explore bien au-delà des frontières d’un « abstract hip hop » étriqué. Et c’est en cela que la magie opère, par la fluidité avec laquelle ces morceaux-collages semblent se faire et se défaire au bon vouloir d’un maestro de l’assemblage. En immersion, on passe d’un « Kolkata » au skank rêveur vers des atmosphères plus mélancoliques, parfois quasi-morriconiennes, pour glisser plus loin vers un hip hop punchy ou une satire trip hop, à l’image des titres « My chevrolet byscayne » ou « Psychoanalysis ». Notons également les collaborations avec les « habitués » Ghostown, Andree et Astrid Van Peeterssen, les featurings des rappeurs Ceschi et Josh Martinez, ainsi que la superbe contribution de l’artiste espagnol Dulk à l’artwork.
Fascinant dans l’art du groove taillé sur mesure comme dans la rêverie électronique, ce disque aura jeté un sourire sans fin sur le bureau des affaires à venir.