Alors qu’une nouvelle scène reggae-ragga (avec Biga*Ranx, Naâman ou Pupajim en têtes de file) remplit les festivals hexagonaux, on ne pouvait que saluer l’actualité discographique de l’un des rares représentants du genre dans le 5.3. Franco-burkinabais né à Angers et installé à Laval depuis quelques années, Djarabon’s a joué dans plusieurs groupes avant de se produire en solo. Entamé dès 2010, son second album Le fils du vent paraissait ce printemps, précédé par un EP 3 titres, Roots revolution. Certes, on ne coupe pas ici aux clichés habituels (inévitables ?) du genre. Mais avec mesure : les sempiternelles odes au spliff et autres « Jah Rastafari » restent au placard. L’écriture de Djarabon’s puise surtout dans son quotidien, avec une sincérité souvent touchante, parfois désarmante de candeur. Point de basses digitales ronflantes et de rythmiques dubstep, les riddims versent dans le reggae roots, canevas plutôt varié combinant skanks de guitare acoustique, percus traditionnelles, cuivres, claviers et autre accordéon.
Petit tour force à souligner, Djarabon’s a joué tous les instruments, enregistré et mixé seul l’ensemble des titres de ces deux disques. Jonglant entre français, anglais et dioula, il alterne chant, phrasé ragga ou flow rap. C’est d’ailleurs quand il s’écarte des sentiers balisés du reggae qu’il affirme le mieux son identité métissée. Comme sur l’épicé EP Roots revolution, qui incorpore harmonieusement aromates jamaïcains et saveurs traditionnelles mandingues.