Respirer un nouvel air. Se mettre au vert. « Après 7 ans d’enquêtes permanentes dans les cités HLM » pour écrire ses deux derniers romans, les imposants Dans les Cités et Fabrication de la guerre civile, Charles Robinson éprouvait le besoin de « changer d’univers, de type de langue ». La proposition de l’association Lecture en tête, qui l’accueille en résidence du 15 janvier au 10 juin tombait donc à pic. D’autant que son prochain livre prendra « la forme d’un western, loin des villes, beaucoup plus rural ». En Mayenne, il compte bien se nourrir des expériences et rencontres que lui offriront ce nouveau « territoire à explorer ».
Une démarche, celle de l’enquête, qu’il affectionne et que le romancier propose d’adopter lors des ateliers d’écriture au programme de sa résidence. Précédés d’une visite (dans une imprimerie, chez un apiculteur…), ces ateliers permettront aux participants de collecter un matériau qui constituera la base de leurs écrits. But avoué : éviter l’introspection souvent inhérente à l’exercice. « Sortir de soi pour explorer le monde, c’est cette approche de la littérature qui m’intéresse ».
Autres rendez-vous sortant des sentiers battus : des randonnées en pleine nature, rythmées par la lecture de textes d’auteurs qui questionnent les codes littéraires classiques. « C’est le second objectif de ma résidence : présenter à des lecteurs, pas forcément familiers de ce type d’écriture, des romanciers que j’aime parce qu’ils expérimentent, cherchent des nouvelles façons de raconter le monde et de sonder le réel. »
Un goût pour l’expérimentation qui transparaît dans les livres de l’écrivain, truffés d’innovations formelles, comme dans les performances qu’il multiplie avec des musiciens, plasticiens, danseurs… À l’instar de The Spleen, pièce dansée qu’il présentera le 22 mars à la Scomam à Laval (événement Facebook).
Charles Robinson participera également, aux côtés d’une soixantaine d’auteurs, à la 26e édition du festival du premier roman, du 27 au 30 avril à Laval. Quatre jours de lectures, tables rondes et autres gourmandises littéraires mitonnées par Lecture en tête, parmi lesquelles on retiendra un entretien avec Lydie Salvayre (marraine du festival), une rencontre autour de l’écriture de l’exil avec Karim Kattan et Omar Youssef Souleimane, ou le café littéraire « Histoires de femmes » avec Claudie Gallay, Mathieu Larnaudie et Éric Pessan.

À lire
Tranzistor ouvre ses pages au romancier Charles Robinson pour une carte blanche, Fire talk with me. À retrouver dans les numéros 61 et 62 du magazine.