Après cinq années et plus de 100 disques enregistrés dans son premier studio à La Senelle, Amaury Sauvé a quitté la cave du domicile parental et inauguré en juillet 2015 un studio de 200 m2 à Saint-Berthevin, THE APIARY. Projet fou et lieu inédit en Mayenne, qui ne désemplit pas depuis six mois. Suivez le guide !

Pièces spacieuses et baignées de soleil, grandes portes vitrées, parquets en bois, murs en briques apparentes, canapés cosy : c’est une évidence, ce studio a de la gueule. Et bien que flambant neuf, on y décèle déjà une âme, un caractère, quelque chose de magnétique. Presque un appel irrésistible à empoigner une gratte et monter un groupe. On croirait entrer là dans un de ces studios américains mythiques qui a vu défiler Nirvana, Fugazi ou les Pixies.

Point commun entre ces trois groupes ? Le producteur Steve Albini, dont le studio à Chicago a, parmi d’autres, servi de modèle au projet d’Amaury. « J’ai scruté à fond sur Internet les photos et les plans des studios que j’aimais, pour en reproduire certains aspects : les briques, le câblage apparent, les menuiseries… Je tenais à ce côté atelier qui donne envie de mettre direct les mains dedans ».

Et le rendu final n’est pas seulement ultra-classe, il est aussi performant. Le moindre centimètre carré, du sol au plafond, a été pensé pour optimiser l’acoustique des trois cabines de prises et de la régie : ici, les murs ont littéralement des oreilles. Ce sens minutieux du détail dit bien le perfectionnisme d’Amaury, du haut de ses 27 ans seulement.

Du nom même du studio, The Apiary (rucher en anglais), à la forme hexagonale de la régie et du logo, tout file une jolie métaphore sur l’essence du projet. « Le rucher est l’endroit où l’apiculteur regroupe toutes ses ruches pour qu’elles fonctionnent en symbiose, dans une sorte d’écosystème. Tout est articulé autour de la régie au centre, et l’hexagone permet aux pièces de fonctionner en relation les unes avec les autres. Je me positionne à la fois en tant qu’ouvrier avec les groupes et apiculteur qui prend soin de ses abeilles et les aide à travailler du mieux possible ».

Pas étonnant que des essaims entiers, de Bordeaux à Strasbourg, de la pop au black metal, se bousculent aux portes du studio (l’agenda est booké jusqu’à juin) : outre l’arsenal technique à disposition – panoplie complète d’instruments, amplis, micros vintage et dernier cri… – et la réputation du bonhomme, les groupes sont hébergés sur place et disposent de 100 m2 d’espace résidentiel.

Le tout à des tarifs plutôt abordables (300 euros la journée d’enregistrement, 200 euros la journée de mix : « j’ai toujours eu la volonté de conserver des prix les plus bas possibles, que ça reste accessible pour des groupes qui ne peuvent pas se payer un studio parisien à 600 euros la journée. Mon but n’est pas de faire de l’argent, mais juste de dégager un salaire et rembourser mon emprunt ». Un investissement de 320 000 euros permettant de mesurer un peu mieux l’ampleur de ce projet ambitieux, qui devrait placer Laval encore plus nettement sur la carte de France du rock.