Déjà la pochette, plutôt troublante, intrigue : à coté d’un pied de micro, un jeune homme nu assis dans son bain et le faciès figé dans une étrange grimace, éclate littéralement une guitare contre le rebord de la baignoire (!). Mais on n’est qu’au début de nos surprises !
Car le prolifique Hyper8, après une galette déjà bien remplie il y a quelques mois (Radiator), remet le couvert avec 14 nouveaux morceaux ! Et là encore, il y a à boire et à manger dans cet album copieux, dont l’excessive diversité ne manquera pas de fasciner ou (c’est selon) d’agacer l’auditeur. Car ça part dans tous les sens, de l’ambient classieuse à la techno expérimentale en passant par l’electro lo-fi dissonante et sponsorisée par Atari, version 8 bits.
Ici (« Brozka nie »), Hyper8 sample et triture des bribes de phrases en russe et l’on se voit déjà danser une valse robotique dans un club en Sibérie. Là (« Chasisty belt »), le beat s’accentue pour une techno brinquebalante, parsemée de notes échappées d’un clavier vintage. Sur « Radio », on jurerait entendre les écossais de Boards of Canada à leurs débuts, dans cette plage atmosphérique, qui mixe extraits radiophoniques en sourdine et synthés aquatiques.
On sent que le garçon a fait la chasse aux sons, et ses créations sont parcourues de petits bruits du quotidien, souvent « humains » : gémissements, toux, rires, conversations téléphoniques, etc.
Il y a là une vraie jouissance à perdre l’auditeur dans les méandres d’innombrables pistes à tiroir, incessamment brisées en plein élan par des ruptures de ton et un second degré iconoclaste, rappelant parfois le meilleur de Mr Oizo. Drôle d’oiseau aussi que ce Hyper8, dont on n’a sûrement pas fini d’entendre parler !