Telle une île au trésor, les Iciniens émergent dans l’océan des musiques actuelles. Ce trio inouï associe un chanteur-raconteur et deux multi-­instrumentistes : percussions, n’goni, clarinette basse, flûte… Les musiciens tissent un doux écrin acoustique chaud et coloré, une pulsation souple mais entêtante pour servir le propos de Romain, dont la voix profonde captive dès les premières syllabes. C’est un griot du bocage, un slammeur délivré de la jungle de béton des grandes villes. Jouant avec les sons sans jamais perdre le sens, ses mots se font politiques ou philosophiques, toujours poétiques.
Le n’goni et la flûte convoquent l’Afrique quand le verbe évoque une rivière bien de chez nous, d’ici. La musique regorge de bruits, de textures, de silences qui ravivent de lointains souvenirs d’enfance. Les Iciniens voyagent à la verticale, entre la terre profonde et le firmament, comme à l’horizontale, entre les continents. On sent du blues, on sent les racines. Et aujourd’hui, cela sonne résolument avant-gardiste. « Nous sommes tous des Kazapar, minuscules mais reliés de toutes parts. »