Après une première démo prometteuse compilant relectures jazz de standards rock (de Led Zep aux Beatles), Incognita Trio a désormais son ep. Et un « Montgomery blues » pour la mise en route. C’est parti. Six minutes de lignes de basse hypnotique, batterie déliée et guitare mélodique. Le ton est donné, et le son est fichtrement bon. Si le groupe se dit jazzy, voire jazzifiant option pop-rock, nul doute que cette première piste exprime sa pluralité, entre jazz actuel, heavy rock et gros blues bien léché, impeccablement contrôlé.
À prendre « Celle qui vient » – titre de la piste 2 -, on s’oublie. On plonge dans un jazz stratifié, musique évolutive, menée par une gratte qui se plaît à répéter, suivie par une batterie toujours impeccable et une basse légèrement groovy. On en redemande, alors complètement dans l’ambiance. Musique d’ambiance. Voilà le terme qui convient à « Celle qui vient ». Et de se prendre à imaginer Incognita Trio dans le volume n+1 d’Hôtel Costes. Note longue. Clap. À peine monté, on redescend. « Little sco » calme le jeu : blues épuré, si calé, si bien joué, qu’on espérerait une fausse note pour entrevoir une once de rage, de frénésie…
Envie de fumer? C’est le moment, avec « Kamel ». On repart. Et loin. Sonorités arabes. Douceur. Et ils s’énervent. Le trio castrogontérien s’emballe : guitare puissante et sale, basse entêtante… On nage en plein post rock maintenant. Vous savez, ce fourre-tout en forme de genre musical. Incognita a dû tomber dedans. On espère qu’ils y retourneront. Et on en redemande… en live!