Oui, la saison de coupe fut plutôt bonne pour les trois gentlemen bûcherons de Jack & Lumber : jolis concerts, belles premières parties (Asaf Avidan, BB Brunes, etc.)… Et puis ce prix des internautes de L’Ampli Ouest-France 2012, grâce auquel ils ont pu entrer en studio en août dernier, et graver ce nouvel ep. Confectionner du nouveau en conservant les bases, la tâche n’est pas simple, encore moins en ces temps de folk-revival-baby-boom : le labeur aurait pu s’avérer aussi massif que l’ombre d’un séquoia à abattre dans le mois. Mais les outils eurent le temps d’être peaufinés et ciselés sur scène.
Si le son et la production de ces quatre nouveaux morceaux sont lumineux, l’obscurité et la défaite – amoureuse, personnelle – n’est jamais loin, et la beauté semble y cacher ses secrets. D’ascensions porteuses en lugubres descentes, chaque piste vit sa propre vie. Cinématographique et américainement vôtre, « Black side », d’une maîtrisée modulation vocale en arpèges lancinants, rappelle le puissant (dés)espoir d’une BO d’Eddie Vedder (Pearl Jam). Exaltant moment progressif avec « Secret song » : dernier morceau rageur et superbe, entre Emily Jane White et le post-folk d’un Volcano Choir, reverbe de guitares fondues en délicieux supplément.
On goûtera avec autant de gourmandise aux beats electros sur pilotis de « Nature », fondations d’une belle ritournelle triste/euphorique… Jusqu’à l’arrêt brutal, frustrant, qui nous rappelle hélas, trois fois hélas, que tout bon moment a une fin.