Vous êtes fan de Miles Davis ? Mais vous avez tellement écouté Kind of Blue que vous avez fini par vous lasser ? Eh bien, ce premier disque du trompettiste Johann Lefèvre est pour vous ! On le découvre inspiré par l’esthétique des années 50, entre cool et be-bop.
Certes, ceci est une accroche facile, et trop réductrice. Johann Lefèvre et son quartet ne se complaisent pas dans une posture d’imitation (malgré les lunettes de soleil de la pochette…). La formule même du quartet, avec le guitariste Nicolas Rousserie, sort des sentiers battus. Les guitaristes de Miles, eux, ne sont arrivés qu’à la fin des années 60, avec leurs amplis psychédéliques. Dans ses compositions, Johann Lefèvre laisse la place à ses comparses (William Brunard à la contrebasse, François Ricard à la batterie viennent compléter la formation). Et ceux-ci jouent agréablement avec les textures sonores de leurs instruments : ici une corde qui frise, là un archet chaleureux. Le dialogue s’effectue principalement entre les deux solistes (trompette/guitare), mais sans bavardage inutile. Sur scène, Johann Lefèvre sait insuffler des sons clairs et étincelants. Ici, les choix d’enregistrement entraînent le quartet vers des sonorités chaudes et mates. Voici donc un jazz apaisant, porté par des thèmes accrocheurs et voyageurs, avec quelques gammes hispanisantes (dont une reprise – la seule – de Miles Davis : « Teo »), et un magnifique dernier thème empreint de bossa, comme un clin d’oeil au standard « Manhã de Carnaval » (« Joh’s song »).
Idéal pour les soirées d’hiver au coin du feu (c’est peut-être un cliché, mais tellement agréable à vivre…).