Fermez les yeux. Un chant de trompette bleuté vous téléporte au beau milieu des fifties. Y résonne l’écho des enregistrements « époque hard bop » de Miles Davis, référence affichée de Johann Lefèvre. Ici cependant, pas de standards usés jusqu’à la corde, le trompettiste signe toutes les compositions de ce quatrième album, bouclé en trois jours au studio Adjololo. Clair et chaleureux, le son témoigne de l’écoute mutuelle et du constant dialogue qui relient les musiciens du quartet. À l’ère de l’autotune et des manipulations numériques en studio qui gomment toutes aspérités, le jazz continue d’envisager l’enregistrement comme la captation d’une musique vivante, créée dans l’instant. Et c’est un plaisir d’entendre Johann Lefèvre – volubile, fluide, punchy quand il faut – converser avec le guitariste Nicolas Rousserie. Un complice de longue date, au jeu d’une discrète virtuosité, tout en courbes et douceur. Le tout est impeccablement propulsé par le drive solide et le groove souple de la contrebasse de Kevin Gervais et le drumming polyphonique et foisonnant d’Arnaud Lechantre.

Élégante ballade nocturne, « Praise and dream » conclut en beauté When you sleep. Pour continuer à rêver, rappuyer sur play.