Peut-être devrait-on écouter ce disque avec une oreille neuve et faire fi du passé. Mais à l’écoute de ce premier album, c’est cette phrase qui me vient : « la fête est finie ». Exit le rock reggae de la Sainte-Java (dont sont issus les musiciens de La Casa), terminés les appels à la fiesta, finis la sueur et les pogos… Quelques années ont passé (le cap de la trentaine !), emportant avec elles l’insouciance et les illusions des débuts. Ce disque, c’est comme un lendemain difficile (qui a parlé de gueule de bois ?), l’oeuvre de quatre mecs un peu abîmés, un peu désabusés mais pas résignés pour un sou, les rêves toujours au beau fixe.
En chantier depuis 2005, leurs chansons ont beaucoup évolué avant de trouver leur forme actuelle. À l’image de la pochette dépouillée et très graphique du disque, en studio sous la houlette de Romuald Gablin, les gars de La Casa se sont mis à nu, épurant leurs compos jusqu’à l’essentiel. On sent qu’ils ne trichent pas, qu’ils n’imitent personne, qu’ils emploient leur propre vocabulaire. Une syntaxe originale, associant chant granuleux, guitares western, beats électro-bricolés et trompettes mariachi. Morceaux les plus aboutis (du point de vue des textes comme de la musique), les trois titres qui ouvrent Les trucs abîmés sont chargés d’une émotion, d’une sincérité vibrante. Les poils de mes avant-bras en frissonnent encore… Cette ouverture constitue le sommet d’un disque qui, par la suite, peine un peu à retrouver cet état de grâce. Mais ce premier essai convainc et se révèle, au fil des écoutes, personnel et attachant. Idéal pour se remonter le moral,les lendemains de java !