« Ce qui m’anime, c’est d’écrire avant tout pour que l’on voie mes chansons » raconte Claire Diterzi. Et on pourrait ajouter, « pour qu’on les ressente » . Car effectivement, qui n’a pas assisté à un spectacle de Claire Diterzi ne peut pas l’apprécier pleinement tant sa performance scénique est riche. Oui, c’est un spectacle : un concert certes, mais bien consistant, avec de vrais morceaux dedans.
Musicalement, les compositions de Claire Diterzi naviguent entre les influences nordiques entêtantes d’une Mary Boine, alliées à l’énergie froide de la non-moins nordique Björk, avec la transe des guitares rock. Le tout assaisonné tantôt d’une pincée de celte clair dans la voix (de Claire), tantôt d’une pointe d’orientalité des origines, mais plus souvent de couleurs classiques. Drôle de cuisine ? Oui, et on est encore loin d’avoir fini le voyage. Car sur scène, les chansons, qui peuvent sonner parfois lisses sur l’album, gagnent une force irrésistible, les sons prennent corps : un batteur alchimiste bat le rythme sur une table, une violoniste, une guitariste l’accompagnent. Et il y a les voix et surtout, LA voix, celle de Claire Diterzi. C’est simple, elle est capable de grimper les octaves comme Pantani l’Alpe-d’Huez. La chanteuse passe du registre pop au classique, et finit en gouailleuse d’avant-guerre avec la même aisance. La charmante est accompagnée de deux choristes dont les voix se mêlent et se renforcent. On se perd en sons avec délices. On se laisse emmener de l’intime au violent avec une apparente évidence.
L’auditeur curieux prend plaisir à découvrir les bricolages sonores : des ongles marquant le rythme sur une table, des pianos à pouces, des pédales de boucles… L’inventivité est permanente.
Le spectateur curieux, lui, s’en prend plein les mirettes : le plateau de la scène nationale du Carré change à chaque chanson. Tantôt des vidéos sont projetées, tantôt les chanteuses se lovent dans un canapé immense, tantôt Claire Diterzi se retrouve au milieu des câbles des coulisses. Les éclairages sont sobres et magnifiques (ah, les ombres chinoises !). Ce n’est pas un hasard si Claire Diterzi a composé pour le cinéma (Requiem for Billy the Kid) et la danse (Philippe Découflé). Avec ça, j’en ai oublié d’écouter les paroles. Ça vous laisse quelque chose de plus à découvrir.
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