Certains vous diront que le hasard n’existe pas. Que nos vies sont faites de rencontres et de destins croisés, à l’instar de l’arrivée d’Audrey Bénesse à Mayenne. Jugez plutôt ! D’abord recrutée comme programmatrice d­’Atmosphères 53 en juin dernier, la fraîchement nommée directrice artistique de l’association départementale raconte, encore un peu étonnée : « j’ai découvert le thème du 24e festival Reflets du cinéma pendant l’entretien d’embauche. Je n’ai pas pu m’empêcher de pousser un cri de joie un peu ridicule. Un hasard fou : je commencerai par le cinéma africain, le sujet qui m’éclate le plus. » Et ce n’est pas tout ! À croire qu’un griot malien guide son chemin : « j’ai appris qu’il y avait déjà eu un festival du film africain à Mayenne. Il s’appelait Éclats d’Afrique et a démarré le 3 mars 1988, le jour de ma naissance. Il y a des signes difficiles à ignorer. »
« Cinéphile depuis toujours », Audrey enchaîne les études littéraires, puis artistiques et cinématographiques. « C’est à ce moment-là, en 2009, que je rencontre le cinéma africain en travaillant avec le réalisateur mauritanien ­Abderrahmane Sissako et son association Des cinémas pour l’Afrique ». Un véritable coup de foudre pour un continent que peu associent au 7e art. Suivent des voyages, en Afrique, forcément ! Madagascar, où elle a en charge la programmation, pendant deux ans et demi, de l’unique salle de cinéma du pays, celle de l’Institut Français à Antananarivo. Puis Durban et son festival de cinéma, auquel elle collabore, avant de rentrer au pays en 2015 pour se former au métier d’exploitant de salle à l’école de la Fémis, haut lieu du cinéma français.
Quatre ans plus tard, la voilà à Mayenne : « j’ai vite été conquise par les gens et leur accueil simple et chaleureux ». Audrey ­Bénesse prend rapidement ses marques et avec l’appui des dix salles mayennaises, qui l’aident à « programmer au plus près du territoire », elle cisèle pour les prochains Reflets la rencontre entre un cinéma qu’elle adore et un public qu’elle apprend à connaître. « Cette programmation doit être une balade cinématographique sur le continent. J’ai choisi de faire un focus sur cinq grands noms du cinéma africain, qui viennent mettre en perspective les films plus récents, presque tous inédits. Des pépites dont j’ai remonté la piste patiemment afin de pouvoir les montrer au public. » Au total, c’est plus d’une cinquantaine de films qui sont à découvrir, du 13 au 24 mars, dans toutes les salles du département.