Comment un lieu déteint sur l’écrivain qui l’habite, « dépayse » son écriture ? « Là où je vis est aussi là où j’écris », note l’auteure Violaine Bérot dans Paysage(s). Les dix nouvelles de cet ouvrage collectif paru en avril partagent un point commun : avoir été écrites en Mayenne en 2020. Pour marquer le 10e anniversaire de sa résidence de romancier, Lecture en tête a convié l’an dernier ses dix anciens résidents à passer une semaine dans le département. Avec une mission : produire un texte court, répondant à une thématique volontairement très ouverte, qui donne son titre à l’ouvrage : Paysage(s). « Entre Makenzy Orcel, Wilfried N’Sondé, Velibor Čolic ou Virginia Bart, on chemine dans des univers et des langues éminemment différentes », observe Céline Bénabès. Pour la directrice de Lecture en tête, cette diversité participe au plaisir de lecture que procure ce recueil, écrit en Mayenne donc, mais aussi imprimé et édité localement par l’impeccable éditeur lavallois Warm.
Alors que se profile cet automne la 11e édition de sa résidence, l’association expérimente depuis début avril une nouvelle forme de résidence d’écrivain. Trois mois d’immersion dans un quartier. En l’occurrence, celui du Pavement à Laval. « Heureuse élue », la poète et romancière parisienne Perrine Le Querrec savoure : « J’aime ce type d’expériences qui permettent un retour de plain-pied dans le réel et me donnent accès à des histoires, des vies que je n’aurais jamais rencontrées. » Logée dans « une barre » au cœur du quartier, elle s’est vite plongée « dans le bain » et attachée à ce « village où règne une grande solidarité. Les gens aiment leur quartier, même s’ils se sentent parfois mis à l’écart, un peu abandonnés. » Écrivant habituellement à partir d’archives, cette recherchiste-documentaliste de formation a collecté aux archives municipales de nombreux documents concernant le Pavement. Et multiplie les rendez-vous et ateliers d’écriture pour recueillir la parole des habitants. Passé au tamis de son écriture poétique, ce collectage fournira la matière première d’un « dictionnaire illustré du Pavement ». Un « dico » qu’elle espère pouvoir présenter en juillet lors de lectures par les habitants, ainsi que via une expo et une publication papier. « On m’a confié des choses très fortes, qui méritent d’être partagées largement. Quand on touche vraiment l’intime, on saisit l’universel. »