« Smalltown boy ». Gamin, Mathias Courtet se reconnaît dans le personnage du clip de l’hymne synthpop de Bronski Beat. Le garçon grandit dans une petite ville de la région nantaise. Ses parents, « tous les deux ouvriers », prennent leur voiture chaque premier dimanche du mois pour emmener leur progéniture au musée, « parce que c’était gratuit ». Ces visites mensuelles, et surtout la rencontre providentielle de profs qui lui font découvrir le théâtre ou la littérature, ainsi que le choc que provoquent chez lui deux « petites peintures de Monet et Caillebotte » le mettent sur la voie des arts plastiques.

Il entre à l’école des Beaux-arts de Rennes, dont il sortira en 2001. Pour atterrir directement à Mayenne, au centre d’art contemporain Le Kiosque. Il y coordonne bientôt les activités de L’Atelier (école d’arts plastiques) et pilote la programmation des expos de la Chapelle des Calvairiennes. Un espace d’exposition atypique, ancien lieu de culte à l’identité très marquée « avec laquelle il faut apprendre à jouer, plutôt qu’aller contre ».

Depuis près de 20 ans, cet « obstiné » revendiqué – « si la porte est fermée, je rentre par la fenêtre » – travaille au développement et au rayonnement du centre d’art. Avec la volonté (très) déterminée de prouver qu’une petite ville de 12 000 habitants, « où l’on ne vient pas par hasard », peut proposer des expositions dont la qualité vaut celle des institutions des grandes métropoles urbaines. Et attirer les foules, à l’image de « la plus petite Nuit blanche du monde » née d’une blague en 2007, et qui tous les deux ans rassemblent à Mayenne quelque 5000 visiteurs.

Dingue de sérigraphie, passionné depuis toujours par les techniques et savoir-faire manuels (de l’impression à la céramique ou au tissage), il affirme son goût pour les créateurs qui, d’Antoine+Manuel à Constance Guisset ou Julien Salaud, traversent les frontières, entre art et artisanat, recherche fondamentale et appliquée, design d’objet, arts graphiques…

Alors que la crise de la Covid-19 fragilise encore davantage la situation déjà souvent précaire des artistes plasticiens – « éternels oubliés de la culture pour lesquels il est plus que temps de créer un régime du type de l’intermittence », Mathias et l’équipe du Kiosque ont inventé, en plein confinement, Arcoiris. Une exposition qui, du 15 juin au 6 juillet, propose de découvrir, de préférence à vélo, une trentaine d’arcs en ciel que l’artiste Antoine Audiau a essaimés dans tout le territoire de Mayenne Communauté, de Sacé à Rennes-en-Grenouille.

Playliste
1- Bronski Beat – Smalltown boy
2- Nina Simone – My way
3- Diana Ross – I’m coming out
4- Clara Luciani – La baie

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