Avec « Les Falaises », l’un des sommets de son second album, Adieu le vieil empire, Mazarin démarre idéalement cette émission, enregistrée depuis Le Rex à Château-Gontier-sur-Mayenne. Un titre à l’épure folk qui dit bien le caractère « essentiel » de ces nouvelles chansons : après un été passé à écouter le très acoustique Nebraska de Bruce Springsteen, le songwriter dyonisien décide de dépouiller ses compositions des arrangements électroniques dont il les avait initialement habillées. Entre mélancolie et détachement, gravité et légèreté, inquiétude et confiance, il teste sur scène ses nouvelles créations comme on essaie des habits neufs. Essayage concluant si on en croit les réactions du public, visiblement conquis.

 

Pas de répit pour Pierre Lefeuvre, aka Mazarin, qui poursuit avec Grand Hôtel, projet dont il est aussi à l’origine. Un trio guitare-violon-trompette, créé courant 2018, dont les maîtres mots seraient (là aussi) folk et acoustique. Instrumentale, comme les mélopées irlandaises ou balkaniques qu’elle évoque parfois, leur musique charrie dans un même souffle joie et tristesse, danse et recueillement. La formule ne souffrant pas l’approximation, on sent les musiciens sur le fil, concentrés, reliés par une écoute et attention mutuelles. L’émotion et la tension sont palpables, captant l’empathie de l’auditoire, suspendu à leurs circonvolutions.

 

Changement radical d’ambiance avec le 3e invité de cette émission : objet musical non identifié, The Animal Objective est une espèce encore inconnue. On pourrait, pour tenter de situer son pedigree, évoquer Zappa ou l’excentricité british de Pink Floyd, King Crimson ou Robert Wyatt… Plus sûrement, on ira chercher les inspirations de ce quartet, actif depuis moins d’un an, dans l’univers graphique de son créateur et chanteur-guitariste, Tim Naish. Les images de cet illustrateur britannique, installé en France depuis quelques années, partagent avec ses chansons leurs caractères ultra-foisonnants, surréalistes et acides. En live, le quatuor basse-batterie-guitares-chant, costumé en mode psyché, assume avec maestria son extravagance baroque. Toute en ruptures et changements de braquet, parfaitement maitrisée malgré ses apparences parfois erratiques, leur musique cubique joue la surprise, jamais prévisible, toujours singulière.

 

Une émission proposée par Mayenne Culture, en partenariat avec Le Carré, scène nationale et centre d’art contemporain, L’Autre radio et L’Œil mécanique.

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