Pour les scientifiques de la musique qui se plaisent à trouver des cases où ficher les artistes et groupes existants, Melocotón apparaît comme un challenge intéressant. Si l’appellation « chanson métissée », revendiquée par le groupe lui-même, lui convient bien, le terme reste trop large et ne renseigne guère sur la musique des quatre acolytes. Clairement voyageuse, celle-ci nous entraîne de la Mayenne à Paris, de l’Afrique au Brésil. Melocotón, c’est un peu la formule magique pour se téléporter sur les rivages de Rio alors même qu’on se morfond à Paris-plage, ou pour se retrouver à danser au milieu d’une fête de village au Mexique alors qu’on est seul dans son salon… Pour accomplir ce petit miracle, point de baguette, ni de sampler magique, mais une formule guitare-saxophone-basse-batterie très efficace, agrémentée d’une clarinette et de multiples percussions exotiques (congas, pandeiro, riq, bendirs…).
Melocotón a le groove, comme dirait l’autre. Et nul besoin d’être acclimaté aux musiques du monde pour apprécier. Leur musique aux accents jazzy glisse dans l’oreille avec une douceur typiquement outre-Atlantique, et porte à merveille la voix très originale de Rémi. Chantés ou slammés, en français ou en espagnol, les textes jouent avec les mots et les langues, s’amusent avec les styles, jonglent avec les rimes. Leur qualité et leur personnalité, qui nous transportent autant que la musique, ferait presque oublier que Melocotón est un groupe à deux voix. Car quand Rémi se tait, c’est Olivier qui fait parler son saxophone avec éloquence.
Avec ces quatre titres, Melocotón fait honneur à ses concerts entraînants et chaleureux. Un remède à la morosité ambiante, un bon moyen d’avoir la pêche (« melocotón » en espagnol) en toute occasion.