La meilleure façon de surprendre le mélomane averti comme le fureteur obsessionnel des rayons de disques, c’est de lui coller dans les oreilles un titre du genre « Champagne », le morceau qui ouvre le premier album de Montgomery, groupe né dans nos campagnes et ex-Sold… Sold-quoi déjà…? Une première chanson qui pétille comme les bulles du breuvage déjà cité, et que vous vous surprendrez à entonner à tue-tête sous votre douche, au grand dam de vos voisins (qui feront tout exploser).
Puis vient ensuite l’obsédant « Moi » et là, l’univers bascule pour tout le reste de l’album. Ça devient même (excusez mon enthousiasme, l’effet du champagne sans doute) méchamment talentueux. Si l’on a quelquefois l’impression que ça ne décolle pas, tout explose, mais alors tout, sur « Ma Chair ». Un hymne noisy sur lequel les gars démontrent qu’ils sont tout aussi bons à soutirer des sons tordus à leurs guitares magiques qu’à bâtir de fragiles harmonies vocales, petites cathédrales pop dignes d’une chorale convertie au rock’n’roll.
Très arrangé, entre recette pour disparaître, mélodies débiles et explosions électriques, l’album de Montgomery ne ressemble à rien de connu. Si ce n’est à la bande son, fourmillante de détails, d’une promenade sur la Lune, à bord d’un OVNI ou plutôt d’un train fantôme, assis entre Georges Abitbol (l’homme le plus classe du monde) et le squelette chevelu et souriant de Kurt Cobain. Si l’on a parfois trouvé que leurs prestations scéniques n’étaient pas à la hauteur de leurs aspirations (ce que leurs récents concerts semblent infirmer), on s’exclame à l’écoute de ce premier album tant attendu : « Mais bon sang…! Pourquoi ne les a-t-on pas enfermés plus tôt dans un studio…! ».