Coïncidence, intuition bien sentie ? À l’écoute d’un premier extrait de cet album, mon idée initiale fût de comparer ce disque à un parfum alliant délicatesse et volupté. Envie de parler d’odeurs et de senteurs entêtantes, bref de « filer » la métaphore olfactive. « Bingo », m’écriais-je ensuite en découvrant parmi les 11 chansons du premier album de Morro, ce titre évocateur : « Ton parfum dans mes draps ». Une très belle chanson d’ailleurs, dont la mélodie obsédante et douce vous imprègne pour ne plus vous quitter. Au fil de l’écoute, on a l’impression de « sentir », de toucher ces gens qui nous parlent, quelque chose nous rapproche, nous fait entrer dans leur intimité.
Un parfum se compose généralement de dix notes, neuf de bases et une dernière qui amplifie la subtile alchimie. Soit ici : une guitare folk, une contrebasse, une batterie, des mots triturés pour trouver l’essentiel, un texte incisif, une rythmique blues, un arrangeur de talent (en la personne de Romuald Gablin : l’homme a du pif… et une oreille !), des musiciens expérimentés, une atmosphère jazzy et acoustique. Et pour faire un tout, la personnalité bien affirmée de l’auteur de ces chansons : Morro. On décèle dans sa voix des traces de Mano Solo et des effluves de Tom Novembre. Morro a l’oeil averti, il observe à merveille les attitudes, décortique le réel et le transpose avec sincérité et justesse sur le papier. Un état d’esprit positif, mêlant une once de poésie et un soupçon de stupre, avec des personnages complexes ressemblant à l’humanité, tout simplement.
Abouti et savamment dosé, Des scènes a la séduction d’une fragrance boisée et discrète, qu’on aimera respirer longtemps…