Au bout du tuyau, la lumière. Morton Lansky, dont le nom évoque une musique expérimentale et cérébrale (sans aucun doute un hommage au musicien contemporain Morton Feldman) mais aussi le crime organisé, sort son premier album huit titres sur le toujours très actif label q.o.d. Hypodermic Syringe est l’oeuvre d’un artiste avançant masqué, à l’instar de son quasi homonyme, le street artist Banksy. Incontestablement urbaine, sa musique s’échappe des sépultures, prend racine dans le terreau des égouts d’une vieille Europe sur le déclin.
L’ouverture, par « Breath death », rappelle les frasques d’un Four Tet dans sa manière de décortiquer les rythmiques jazz ; puis on est rapidement plongé dans un dubstep trop riche et cultivé pour se voiler sous les draps simplistes de l’émotion. Sa simplicité, opposée à l’habituelle virtuosité des productions du genre, est l’évidence même : Morton Lansky synthétise et agglomère, à la manière de l’Anglais Mick Harris, tous les chemins de traverse tracés par les musiques électroniques ces dix dernières années. Mais, loin des sentiers battus, sa route emprunte des itinéraires non balisés, où la sagesse rencontre l’inquiétude pour un résultat futuriste magnifique.
Un album lumineux sur le deuil, la rupture, qui foutrait la chair de poule à un couple de jeunes mariés ; l’oeuvre d’un musicien cultivé et stakhanoviste participant à l’excellente émission de radio Les hommes préfèrent les ondes, et dont on écoutera les playlists via le site Mixcloud. Morton Lansky croise au large avec l’élégance des plus grands, les yeux grands ouverts sur notre continent, noyé dans le tout festif. Merci.