Naviguant entre Paris et Laval, le danseur et chorégraphe Olivier Bioret a créé en Mayenne son nouveau spectacle, un voyage en solitaire à la recherche du temps perdu. Portrait radiophonique d’un rêveur les pieds sur terre, mu par l’ambition d’inventer des mouvements que nul n’aurait encore jamais vus.

18 h, un soir de fin février. Sur la scène du Reflet à Saint-Berthevin où il est accueilli en résidence, Olivier Bioret finalise À travers (le bruit de la pluie qui tombe), seconde pièce de la compagnie Face-B qu’il a créée en 2017. Impressionnant de précision et de concentration, le danseur répète quelques derniers enchainements, avant de se prêter, avec la même précision et attention, au jeu de l’interview.

Un pied à Paris, l’autre en Mayenne où il a basé sa compagnie (sise à Saint-Quentin-des-Anges, où est ancrée sa famille), il a enchainé pour sa nouvelle création une douzaine de semaines de résidence un peu partout dans le département, du Théâtre de Laval à Craon. Pour ce solo, le chorégraphe part, sur les pas de Proust, à la recherche du temps perdu (« le livre que j’ai le plus relu »). Comment garder une trace du temps qui passe ? comment le corps se souvient de nos gestes, habitudes, etc. ? Autant de questions que pose sa nouvelle création, dont la première est prévue le 16 avril au Reflet. Spécialiste de la notation de la danse (la cinétographie) qu’il enseigne au conservatoire national supérieur de Paris, Olivier Bioret revendique sa recherche d’une danse à l’écriture complexe, et affiche, sans se départir de sa modestie et de sa simplicité naturelles, l’ambition d’inventer des « mouvements encore jamais dansés ». 

Mais le trentenaire n’oublie pas que la danse est aussi et d’abord une affaire sensorielle, de corps, de puissance physique, d’émotions… qui doit pouvoir toucher dans sa fibre tout un chacun, connaisseur ou béotien. Refusant de faire des spectacles uniquement « pour les professionnels et les abonnés des théâtres », il aime travailler avec des publics néophytes, adultes comme scolaires, multipliant les interventions et ateliers dans les collèges, écoles primaires, centres sociaux, etc. Plutôt qu’enseigner la danse, il y transmet ce plaisir d’inventer et de créer qui l’anime depuis presque toujours. Depuis ce jour où, à « 8 ans et demi », il a rencontré la danse par « un hasard » qui a bien fait les choses.


Playliste
1 – The Korgis – Everybody’s gotta learn sometimes
2 – Henry Purcell – A new ground in E minor
3 – Radiohead – Where i end and you begin
4 – Benjamin Gibert – Shells


Chaque premier jeudi du mois à 21h sur L’autre radio, Tranzistor l’émission accueille un acteur de la culture en Mayenne : artiste, programmateur, organisateur de spectacle… Trois fois par an, Tranzistor part en « live » pour une émission en public. Au programme : interviews et concerts avec deux ou trois artistes en pleine actualité.

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