Ptit Fat est de la veine des dénicheurs de sons. À leur manière, il se laisse envahir par les sons qui l’entourent. Loop à la main, il sait déceler la trace du plus infime souffle, crépitement, ruissellement, cliquetis. Une fois ces pépites prélevées, il en saupoudre çà et là sa toile de fond tissée de mélodies lancinantes. Et quand notre « petit gros » décide que ces boucles de sons ne balanceront pas, il leur fait prendre un tour entêtant, oppressant.
Ptit Fat est de la veine des bricoleurs de sons. Eux seuls connaissent l’alchimie improbable de sonorités a priori antinomiques. Ici une kora (jouée par Sory Kandia Kouyaté des Espoirs de Conronthie) se mêle à une ligne de tuba (Jérôme Stenou de Bajka) ou s’accompagne d’une clarinette soutenue par un magnifique chant guinéen sur le titre « Rude Paradis ». On notera au passage que le « meussieur » sait s’entourer. C’est qu’à la différence de nombre de bidouilleurs electro, Ptit Fat se défend du cent pour samples. Il se révèle être avant tout de la veine des artisans du son. De ceux qui mettent la main à la pâte. Ce touche-à-tout que l’on aurait tort de ranger trop vite dans le rayon « electro » possède sa marque de fabrique : ce grain acoustique identitaire. Piano à pouce, toy piano, xylophone, mélodica, guitares, percus et flûtes s’accordent aux synthés parfois kitch, parfois rhodes, aux voix échantillonnées, aux samples jazzy et aux beats trip-hop…
Artisan, Ptit Fat l’est également parce qu’en amateur de beaux objets il a décidé d’immortaliser sa musique sur de noires galettes de vinyle grand format. Miam-miam ! À déguster donc un album frais et apaisant à l’écoute duquel on se surprend à balancer le bulbe, noyé par les images, divaguant au gré des ambiances sonores.