« Le patrimoine ne se limite pas aux vieilles pierres. Notre rôle consiste à faire découvrir l’histoire et l’architecture de Laval au sens large, quartiers périphériques inclus », rappelle Amélie de Sercey-Granger, médiatrice à Laval patrimoine. Ainsi depuis 2017, tous les deux ans, ce service de la municipalité lavalloise invite un artiste ou architecte à investir un quartier de la ville. Dans le cahier des charges du résident, une double commande : créer une œuvre entrant en résonance avec le lieu et aller à la rencontre de ses habitants, via des ateliers, interventions dans les écoles, etc.
Depuis avril, la plasticienne Anaïs Lelièvre a pris ses quartiers à Ferrié. Ancienne caserne, cette zone auparavant coupée du reste de la cité bourgeonne littéralement aujourd’hui : en 5 années, y ont poussé, autour des logis militaires réhabilités, de nombreux bâtiments, dont beaucoup sont encore en germe. Plutôt que se limiter à un espace donné, l’œuvre qu’y envisage l’artiste investira les dizaines d’hectares du site. Sur les murs et les vitres des édifices mais aussi les sols, un gigantesque dessin dépliera ses ramifications rhizomatiques. Comme toutes les œuvres récentes de la plasticienne d’origine parisienne, cette création est constituée d’un unique motif, multiplié, agrandi ou rétréci à l’envi : le dessin en noir et blanc du bourgeon d’un marronnier, en hommage à un arbre malade abattu récemment dans le quartier. Vibrantes, énigmatiques et « hallucinatoires », les très prometteuses ébauches de l’œuvre intriguent et hypnotisent le regard. Jusqu’à la fin de sa résidence début juillet, Anaïs Lelièvre associera à cette création collective près de 200 jeunes, de la crèche au collège. Loin d’être achevée, l’œuvre se déploiera ensuite sur plusieurs années, jusqu’à l’issue du chantier. Petit bourgeon ne fait qu’éclore…

Inauguration : 1 juillet à 17h au quartier Ferrié (rdv devant le restaurant Petits plats et Cie).